CePiCOP - 28.05.2024 - Pression des maladies en froment

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Céréales
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Symptômes de fusariose sur épis (Fusarium spp.). Photo : P. Hellin

Les froments du réseau d'observation CePiCOP sont, pour la majorité, au stade épiaison (BBCH 51-59), les autres, plus avancés, sont déjà en pleine floraison (BBCH 61-69).  Les écarts de développement entre les variétés et les localités semble s'être bien résorbés. Le stade floraison indique l'arrivée du froment dans sa période de sensibilité face à la fusariose. Cette dernière est favorisée par les pluies et l'humidité persistante.

La météo passée et des jours à venir est donc hautement favorable à la propagation et l'installation de la fusariose. 

Réseau des parcelles froment du CePiCOP (27 parcelles) :

Les maladies dans le réseau :

La rouille jaune est toujours bien active dans les variétés sensibles. Elle infecte maintenant la dernière feuille (F1) de toutes les parcelles du réseau emblavées avec la variété Campesino (excepté à Lonzée et Mettet). Les autres variétés comme LG Skyscraper ou Gleam, qui présentaient des symptômes les semaines précédentes, ne semblent plus être impactées par la maladie, la place étant maintenant prise par la septoriose et la rouille brune.

La météo des dernières semaines plait particulièrement à la septoriose. Cette dernière poursuit encore et toujours son infection sur les trois dernières feuilles des variétés sensibles (non traitées) du réseau. Elle est particulièrement active à Ath, Lonzée, Chièvres, Pailhe et Hodeige avec respectivement 85%, 70%, 35%, 30%, et 15% des F1 infectées sur la variété LG Skyscraper (variété indicatrice du réseau en termes de pression en septoriose). Sur cette même variété, 75%, 25% et 5% des F2 respectivement à Sart-Risbart, Mettet et Acosse sont infectées. La septoriose est également très présente sur la variété Campesino. Les variétés plus tolérantes du réseau, comme Chevignon ou Champion, ne présentent actuellement aucun symptôme de septoriose sur leur dernière feuille.

La pression en rouille brune a atteint les dernières feuilles de toutes les variétés non traitées du réseau d'observation CePiCOP (excepté à Ciney). L'intensité de l'infection est particulièrement importante à Ath, Chièvres et Hodeige où, en moyenne, 22% de la dernière feuille est déjà colonisée par la rouille brune. Le seuil de traitement pour cette maladie est dépassé pour l'ensemble des parcelles observées dans le réseau.

La fusariose des épis est causée par les pathogènes du genre Fusarium.  Ceux-ci profitent de la floraison et donc de l'ouverture des épillets pour s'introduire dans l'épi et coloniser celui-ci au niveau du rachis. En conséquence, l'alimentation des épillets se situant au-dessus du point d'infection est coupée, ils finissent par blanchir et ne produire aucun grain. Autre inconvénient de l'infection en Fusarium, est la production par ces derniers de toxines, la plus connue étant le déoxynivalénol ou DON. La teneur en DON des lots de grains à destination de l'alimentation humaine et animale est réglementée et ne peut dépasser une valeur seuil au risque d'être déclassés. Les limites maximales de DON déterminées par l'Europe ont été revues à la baisse pour la moisson 2024. Ainsi le seuil de 1250 µg DON/kg de grains pour les grains de céréales non transformés passe à 1000 µg/kg.

Le développement de la fusariose des épis est favorisé par une forte humidité ou une période pluvieuse persistante pendant plusieurs jours entre la période épiaison/début floraison. Un court épisode pluvieux à la floraison, précédé d'une période sèche n'est pas suffisant pour favoriser l'installation des champignons responsables de cette maladie (source : Arvalis-info. Les conditions météorologiques actuelles sont très favorables au développement de cette maladie. Le précédent cultural joue également un grand rôle dans l'infection en fusariose. Ainsi, les froments emblavés sur des précédents maïs dont les chaumes n'ont pas été correctement enfouis sont très à risque. Certaines tolérances variétales face à la fusariose existent mais elles ne sont jamais totales.

Recommandations :

Suivant les avertissements précédents, la plupart des parcelles de froment ont maintenant reçu un ou plusieurs traitements fongicides afin de lutter contre les maladies foliaires. Les recommandations ci-dessous sont à destination de la lutte contre la fusariose dont le risque en infection est particulièrement élevé cette année. 

Cas des parcelles ayant reçu un traitement sur l'épi bien dégagé (stade BBCH 57-59) :

Si vous avez suivi les conseils donnés lors des avertissements précédents et que le traitement appliqué sur les épis contenait bien du prothioconazole, il n'est pas nécessaire de revenir traiter vos parcelles.

Cas des parcelles n'ayant pas reçu de traitement sur l'épi bien dégagé ou en floraison (stades BBCH 61-65) :

Les averses annoncées par l'IRM pour cette semaine sont particulièrement propices au développement de la fusariose. Un traitement à base de prothioconazole, metconazole ou tebuconazole pourrait donc être nécessaire pour les parcelles en pleine floraison et à risque de forte humidité (HR > 80%) pendant plusieurs jours. Ce traitement constituera également un relais contre les maladies du feuillage.

Pour rappel et afin d'éviter l'apparition trop rapide de résistance au sein des pathogènes suite à l'application de produits de protection des plantes, il est conseillé :

  • d'alterner les triazoles utilisés entre les applications ;
  • de n'appliquer une strobilurine qu'une seule fois par saison ;
  • de n'appliquer un QiI qu'une seule fois par saison ;
  • de n'appliquer un SDHI qu'une seule fois par saison.

Points clés pour le choix du traitement au stade floraison (BBCH 61-65) :

  • le prothioconazole est efficace dès le stade fin épiaison (BBCH 57-59) sur la fusariose de l'épi ;
  • le metconazole et le tebuconazole ne sont efficaces que lors de la floraison des épis, au plus proche du moment d'infection du pathogène (leur efficacité est cependant inférieure à celle du prothioconazole) ;
  • l'efficacité maximale de ce type de traitement avoisine les 50-60%. Malgré la protection de vos épis, des symptômes de fusariose risquent tout de même d'être observés en cas de forte pression. La protection de l'épi permet cependant de rester en dessous des niveaux de DON (mycotoxines) autorisés ;
  • tous les produits contenant les substances actives citées ci-dessus ne sont pas agréés au stade floraison, vérifiez donc bien l'étiquette de vos produits.

Cet avertissement concernant le suivi des maladies du froment est le dernier de la saison. Merci d'avoir suivi nos avertissements, en espérant que ceux-ci vous aient permis de protéger vos parcelles de manière judicieuse et efficace.

Groupe « maladies » C. Bataille



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