CePiCOP - 05.04.2022 - 6. Observations en épeautre
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Les semaines se suivent mais ne se ressemblent pas : après un weekend particulièrement froid, la semaine s’annonce humide et fraiche. Ce temps peu engageant nous pousse à regarder plus loin. La semaine prochaine, les températures et le soleil devraient nous revenir.
Au nord du sillon Sambre-et-Meuse, les plantes d’épeautre ont commencé à se redresser : dans les gaines, les épis en devenir sont désormais distants de quelques millimètres du plateau de tallage. On devrait atteindre le stade «épi 1 cm» (BBCH 30) en fin de semaine.
Ce n’est que lorsque les plantes auront atteint ce stade que leur résistance au froid commencera à diminuer mais, pour les épeautres, il n’y a aucune raison de s’inquiéter ; l’espèce est adaptée et a pu sans problème supporter les froids du weekend dernier.
L’épeautre est plus sensible à la verse que les froments. On a connu l’an dernier à cet égard, une saison assez difficile. Bien que la verse survienne généralement lors des orages de juin et juillet contre lesquels on ne peut rien, la sensibilité de la culture se déterminera principalement dans les prochaines semaines lorsque les premiers entre-nœuds des tiges vont s’allonger. Cet allongement lorsqu’il est trop rapide, se produit au détriment de l’épaisseur de la tige et de sa solidité. D’une manière générale, tout ce qui accélère l’élongation augmente le risque de verse, tout ce qui la ralentit renforce la culture.
Les densités de semis et les fertilisations, lorsqu’elles sont excessives, sont responsables de nombreux accidents. Le temps couvert et les températures poussantes provoquent l’étiolement, alors qu’un temps lumineux et frais permet aux tiges de se renforcer. On le sait moins, mais le vent lors de la montaison aussi peut contribuer à la solidité des tiges. D’une manière générale, ce qui contrarie le développement des plantes durant les prochaines semaines est, au final, bénéfique.
En agriculture biologique, on observe moins de verse : l’absence d’azote minéral oblige la plante à patienter et à se satisfaire de ce que le sol minéralise, c’est-à-dire très peu à cette période. Les passages tardifs à la herse étrille, lorsqu’ils couchent la culture, la rendent plus résistante. On observe également ce phénomène entre les passages de roues. Ces derniers jours, j’ai recueilli quelques témoignages d’agronomes qui couchaient leurs cultures au stade 32-37 à l’aide d’une rampe avec pour objectif de préparer la culture aux éventuels coups de vent du début d’été. Une semaine plus tard, la culture se relève et poursuit son développement.
En agriculture conventionnelle, les objectifs de rendements requièrent souvent une fertilisation de 130 à 160 unités d’azote. Difficile, dès lors, de se passer de traitement raccourcisseur. Celui-ci n’est, certes pas, une assurance tout risque mais il réduit ce risque de façon appréciable. Le programme le plus couramment utilisé en Wallonie est l’application d’1 L/ha d’un produit à base de chlormequat (type Cycocel 75) au stade épi 1cm suivi d’un second passage avec 0,5 L/ha du même type de produit associé avec une demi dose de Moddus ou de Medax.
Dans les terres plus légères d’Ardenne et de Famenne, un simple traitement est généralement suffisant. Il est alors appliqué au stade BBCH 31 (1er nœud). En s’appuyant sur les résistances variétales, certains se contentent, avec succès, d’un seul traitement, même en sols lourds mais tout en modérant densité et fertilisation. Les variétés Cosmos, Zollernspelz, Zollernfit et Sérénité sont les plus tolérantes, les plus sensibles étant la Lignée 24, Convoitise et Zollernperle. Attention à la confusion des Zollern… -spelz, -fit et -perle aux noms proches mais aux comportements bien distincts.
Un traitement raccourcisseur demande des conditions météorologiques favorisant la croissance. Pas seulement au moment précis du traitement mais également durant les jours qui suivent. Les températures moyennes doivent être supérieures à 8 ou 10°C selon les produits. Ce ne sera pas le cas avant la semaine prochaine. Rappelez-vous que l’application de régulateurs en mauvaises conditions occasionnent bien plus de dégâts que de bénéfices.
Ce n’est pas pour autant que pulvérisateurs et épandeurs doivent nécessairement rester au hangar cette semaine car l’application de la deuxième fraction azotée pourrait être possible. Jusqu’à présent (lundi soir), les précipitations enregistrées sont très faibles et l’accès aux terres ne pose pas de problèmes. On annonce un cumul de 17 L/m² réparti sur les 5 prochains jours. Ensuite…. plus rien pendant 10 jours au moins! C’est pourquoi, j’espère profiter des légères pluies pour apporter l’azote. Ces dernières années, le timing des applications se réfléchit presque autant sur les précipitations que sur les stades de la culture.