CePiCOP - 24.05.2022 - 2. Pression des maladies en froment

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La majorité des froments (21/32 parcelles) du réseau d’observation CePiCOP est à l’épiaison (BBCH 51-59).  Sept autres parcelles ont leur gaine gonflée à éclatée (BBCH 43-47) et enfin quatre parcelles ont débuté leur floraison (BBCH 61). 

La rouille jaune continue ses infections sans relâche.  Elle a atteint la dernière feuille dans les parcelles non traitées et emblavées avec une variété sensible (une cote de tolérance à la rouille jaune inférieure à 7.0.  Elle est également observée, à très faible pression, dans des variétés actuellement répertoriées comme moins sensibles.  Si vous avez pulvérisé votre dernière feuille avec une solution complète (triazole + SDHI, à dose pleine), votre parcelle devrait être protégée contre la rouille jaune pour au moins 3 à 4 semaines (6 semaines si vous avez utilisé du benzovindiflupyr). 

Cinq parcelles observées dans le réseau présentent des infections significatives en septoriose sur leur F3 définitive.  Dans deux parcelles, la septoriose est montée jusqu’à la F2.  La sévérité de ces infections reste faible.  Les pluies de ces derniers jours ont très certainement favorisé la montée de la septoriose sur les feuilles supérieures.  Les symptômes n’apparaitront cependant que dans 2 à 3 semaines, en fonction des températures et lorsque la maladie aura bouclé un nouveau cycle. 

La rouille brune est actuellement observée dans quatre parcelles du réseau d’observation.  Elle est actuellement dans une phase de progression lente mais le risque de développement épidémique de cette maladie est toujours possible sur les variétés sensibles. 

Si vous avez traité au stade 2ème nœud (BBCH 32), un traitement relais (T2) est conseillé 3 à maximum 4 semaines après la première application.  Lorsque le vent sera tombé, il sera donc temps de faire votre T2 car la culture est actuellement en pleine épiaison (BBCH 51-59). 

Si vous avez traité au stade dernière feuille (BBCH 39), il n’est actuellement pas nécessaire de revenir sur vos parcelles.  Soyez cependant attentifs à l’apparition des anthères au niveau des épis de vos froments.  Une fois que le froment sera en floraison (la semaine prochaine très certainement), une protection contre la fusariose pourra être envisagée.  Une période de pluie persistant pendant plusieurs jours est nécessaire pour permettre l’infection des épis par la fusariose.  Ces conditions n’ont pas encore été rencontrées actuellement.

Réseau des parcelles froment du CePiCOP (32 parcelles) :

Site

Date de semis

Variété(s) observée(s)

Lonzée

18/10/2021

Gleam, KWS Smart

Lonzée

18/11/2021

Gleam, KWS Smart

Lonzée

28/10/2021

Chevignon, KWS Dorset, Porthus

Acosse                   

17/10/2021

Gleam, KWS Smart

Marbaix

19/10/2021

KWS Extase, Garfield

Mortroux

25/10/2021

Gleam, LG Skyscraper, Bennington, Campesino

Chièvres

24/10/2021

Gleam, KWS Smart, Chevignon, LG Skyscraper

Ath

25/10/2021

Gleam, KWS Smart, Chevignon, LG Skyscraper

Ciney

27/10/2021

Chevignon

Mettet

29/10/2021

Gleam, KWS Smart

Pailhe

18/11/2021

Gleam, LG Skyscraper, Campesino,

Hodeige

10/11/2021

Gleam, LG Skyscraper, Campesino

 

Symptômes :

Observations :

La rouille jaune est observable dans 21 des 32 parcelles du réseau CePiCOP.  Elle est présente sur les variétés sensibles : Bennington à Mortroux, Campesino à Mortroux, Hodeige et Pailhe, KWS Smart à Lonzée (2 dates de semis), Acosse, Ath et Chièvres.  Elle est également observée sur les variétés moins sensibles (cote >7) suivantes : LG Skyscraper à Hodeige et Chièvres, Gleam à Lonzée (2 dates de semis), Acosse, Hodeige, Ath et Chièvres, Garfield à Marbais, KWS Dorset à Lonzée, Porthus à Lonzée et KWS Extase à Marbais.

Maximums observés : 90% des F1 du KWS Dorset à Lonzée, 50% des F1 du Campesino à Hodeige, 35% des F1 du Porthus à Lonzée. 

La septoriose est observable dans toutes les parcelles du réseau d’observation.  Elle est montée jusqu’aux F3 dans 13 parcelles, sur la F2 dans 2 parcelles.  Globalement, la sévérité observée est faible. 

Maximums observés : 30% des F2 du Chevignon à Ciney, 25% des F2 du KWS Dorset à Lonzée. 

La rouille brune est actuellement observée dans 4 parcelles du réseau d’observation, principalement sur les F4 sauf dans le cas du Porthus à Lonzée où 10% des F2 sont touchées. 

 

 

Recommandations :

Rouille jaune :

Si vous avez une variété sensible (cote < 7), et si ….

… vous avez protégé votre dernière feuille avec un traitement complet, sans diminution de dose, au stade dernière feuille (BBCH 39), vous pouvez vous attendre à une protection de cette dernière contre la rouille jaune de minimum 3 à 4 semaines (6 semaines si vous avez utilisé du benzovindiflupyr). 

… vous avez opté pour un traitement relais léger au stade dernière feuille (BBCH 39) afin de protéger cette dernière jusqu’au traitement épiaison, il sera maintenant temps de revenir afin d’effectuer un traitement complet de vos parcelles.  Un triazole, une strobilurine ou un SDHI (benzovindiflupyr ou fluxapyroxad) seront efficaces.  Veuillez prendre en compte les conseils ci-dessous pour décider d’un traitement complet qui prend en compte également les risques de septoriose, rouille brune et fusariose. 

N’oubliez pas non plus de privilégier l’alternance des substances actives choisies entre les différents traitements afin de ralentir l’apparition de résistance chez les pathogènes présents au moment des traitements.

Septoriose :

La septoriose n’a pas progressé depuis la semaine passée.  Les pluies de ces derniers jours ont cependant favorisé sa montée et de nouveaux symptômes devraient être visibles dans 2 ou 3 semaines.

Pour les parcelles ayant été traitées au stade 2ème nœud (BBCH 32) et qui ne présentent pas de symptômes de rouille jaune, il est conseillé d’attendre 3 (à maximum 4) semaines avant de revenir avec un traitement relais.  Ce délai a très été certainement atteint cette semaine, il sera donc temps de sortir le pulvérisateur une fois que le vent se sera calmé. 

Pour rappel et afin d’éviter l’apparition trop rapide de résistance au sein des pathogènes suite à l’application de produits de protection des plantes, il est conseillé de :

  • n’appliquer un SDHI qu’une seule fois / saison ;
  • alterner les substances actives utilisées d’un traitement à l’autre ;
  • privilégier le mélange de substances actives différentes et efficaces contre le pathogène ciblé lors d’une même application.

Une fois les règles ci-dessus bien en tête, il est maintenant possible pour vous de déterminer la composition du traitement contre la septoriose.  Ce traitement devra reposer sur une solution à base de SDHI (bixafen, fluopyram, fluxapyroxad, benzovindiflupyr ou isopyrazam), de triazole (prothioconazole, mefentrifluconazole, tebuconazole, metconazole ou cyproconazole[1]) et/ou de fenpicoxamid.  L’ajout d’une strobilurine n’est utile que si vous avez une variété sensible à la rouille brune.  A noter que les produits à base de benzovindiflupyr (SDHI) n’ont pas besoin d’être renforcés avec une strobilurine pour lutter contre la rouille brune car cette substance active est déjà suffisamment efficace contre cette maladie.  Elle est cependant un peu plus faible sur septoriose que d’autres références du marché.  Le choix dépendra donc fortement de la sensibilité de votre variété. 

Pour les parcelles ayant été traitées au stade dernière feuille (BBCH 39), il ne devrait plus être nécessaire de revenir pour protéger la culture contre la septoriose

Rouille brune :

La rouille brune (Figure 1) n’est actuellement observée que dans 4 parcelles du réseau d’observation.  Cette maladie est toujours en embuscade mais les températures prévues pour les prochains jours ne jouent pas en sa faveur.  Si vous envisagez de traiter vos parcelles cette semaine et que vous possédez une variété sensible à cette maladie pensez cependant à renforcer votre traitement contre la rouille brune (voir conseils paragraphe septoriose). 

Figure 1: Symptômes de rouille jaune et de rouille brune. La rouille jaune se présente sous forme de stries avec des petites pustules jaunes. La rouille brune se répartit aléatoirement sur le limbe foliaire avec des pustules brunes plus grandes que celles de la rouille jaune. Photo : C. Bataille.

Fusariose sur épis :

Le développement de la fusariose des épis est favorisé par une forte humidité ou une période pluvieuse persistant pendant plusieurs jours entre la période épiaison-début floraison.  Un court épisode pluvieux à la floraison, précédé d’une période sèche n’est pas suffisant pour l’installation des champignons responsables de cette maladie (source : Arvalis-info).

Les humidités relatives que nous rencontrons actuellement en Belgique ne sont pas suffisantes pour accentuer le risque en fusariose des épis. 

Cependant, pour ceux qui envisagent déjà le traitement relais, 3 à 4 semaines après leur T1 au stade 2ème nœud (BBCH 32), et qui vont très certainement toucher l’épis lors de leur pulvérisation, sachez que :

  • le prothioconazole est efficace dès le stade fin épiaison (BBCH 59) sur la fusariose de l’épis ;
  • le metconazole et le tebuconazole ne sont efficaces que lors de la floraison des épis, au plus proche du moment d’infection du pathogène (leur efficacité est cependant inférieure à celle du prothioconazole);
  • l’efficacité maximale de ce type de traitement avoisine les 50-60%.  Malgré la protection de vos épis, des symptômes de fusariose risquent tout de même d’être observés en cas de forte pression. 

La protection de l’épi permet cependant de rester en dessous des niveaux de DON (mycotoxines) autorisés.

Figure 2: Symptômes de fusariose sur épis (Fusarium spp.). Photo : P. Hellin.

[1] Dernière année d’utilisation du cyproconazole (expiration le 31/11/2022).


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