CePiCOP - 15.03.2022 - Maladies foliaires escourgeon - Stades et fertilisation des céréales - Désherbage céréales d'hiver - Observations épeautre

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Escourgeon

Stades : Les escourgeons semés fin septembre, début octobre atteignent le stade phénologique « épi 1cm » (BBCH30) et les semis de fin octobre sont majoritairement au stade BBCH29 (fin tallage).  

Maladies : Vous pouvez reconnaître les symptômes des principales maladies dans cet article.

Fertilisation : Trois situations possibles en fonction de l’avancée de la culture dans votre parcelle (à lire ci-dessous)

Désherbage : En fonction des conditions climatiques et des adventices présentes, un rattrapage de printemps est parfois nécessaire dans certains champs (voir conseils ci-dessous).

Froment

Stades : Les parcelles de froments sont en plein tallage pour les semis de mi-octobre et de mi-novembre.    Les semis de mi-décembre sont au stade début tallage.

Maladies : Quelques pustules de rouille et de la septoriose sont parfois visibles dans les étages foliaires inférieurs mais les froments ne nécessitent actuellement aucun traitement.

Fertilisation : La première application a été ou est à réaliser pour un fractionnement en trois fractions.

Désherbage : Prévoir un désherbage avec des produits à pénétration foliaire pour les champs les plus sales, tant contre les graminées que contre les dicotylées (plus d’infos ci-dessous).

Épeautre

Stades : la majorité des épeautres n’atteignent pas encore le plein tallage.

Maladies : Comme l’absence d’hiver le laissait présager, les maladies sont déjà présentes mais ne nécessitent actuellement aucun traitement.

Fertilisation : La première fraction azotée a été ou est à réaliser.  Au vu de la sécheresse et des vents d’est, une attention particulière doit être apportée à la forme et au moment d’application.

Désherbage : les adventices sont particulièrement développées suite à la douceur de l’hiver.  Les conditions météorologiques actuelles sont favorables au désherbage mécanique mais la période est également propice à l’application des herbicides.  

Cet article est issu du travail de la Clinique des Plantes (CORDER asbl) en 2019.  

Afin de mieux lutter contre les maladies fongiques en escourgeon, il est important de différencier les agents pathogènes et de viser juste.  Vous trouverez ci-dessous la description des différents agents fongiques qu’on retrouve sur cette culture afin de mieux les reconnaitre.   

La rhynchosporiose, due au champignon Rhynchosporium secalis, est caractérisée par des taches sur les limbes, de forme irrégulière, avec un centre plus clair et un contour brun à violacé bien délimité (photo.1).  La maladie débute souvent, après un hiver froid et humide, à l’aisselle des feuilles (photo.2) et se propage par éclaboussures de pluie ainsi que par dissémination aérienne des spores.  Il est donc important d’écarter le feuillage pour vérifier sa présence et l’abondance à la base des plantes.

 

Photo 1. Taches de rhynchosporiose sur l’orge.
Photo 2. Rynchosporiose débutant à l’aisselle d’une feuille d’orge.

L’helminthosporiose de l’orge, due à Dechslera teres, se caractérise par de longues stries brunes (photo.3) habituellement entourées d’un halo jaune ou clair et parallèles aux nervures des feuilles (photo.4).  Les taches sont visibles de façon symétrique sur les deux faces des feuilles.  La maladie est souvent répartie de façon homogène dans la parcelle et l’infection monte du bas vers le haut des plantes.  Les attaques sévères commencent réellement après le déploiement de la dernière feuille et jusqu’à la fin de la floraison lorsque le climat est favorable.

Photo 3. Longue strie brune caractéristique de l’helminthosporiose sur l’orge.
Photo 4. Stries parallèles aux nervures de la feuille d’escourgeon causées par l’helminthosporiose.

La rouille naine de l’orge, causée par Puccinia hordei, est caractérisée par la présence de pustules orangées isolées et entourées d'un contour chlorotique à la face supérieure du feuillage (photo.5).  Ces pustules contiennent des spores qui se dispersent par le vent.  Cette maladie ne forme pas de foyer au niveau de la parcelle et se répartie partout dans le champ infecté.  La maladie est très présente ces dernières années mais ne devient vraiment impactante qu’après le déploiement de la dernière feuille.

Photo 5. Pustules orangées de rouille naine sur une feuille d’orge.

La ramulariose, Ramulario collo-cygni, provoque des petites lésions rectangulaires de couleur brun foncé, souvent entourées d'un halo jaune (photos 6 et 7).  Cette maladie n’apparaît que tard dans la saison et elle peut être souvent confondue avec des symptômes de troubles physiologiques (stress lumineux, taches léopard ou des brulures polliniques) ou encore avec des traces d’oïdium.  Ce sont les structures en forme de « col de cygne » retrouvées sur la face inférieure des feuilles qui permettent de confirmer le diagnostic.

Photo 6. Symptômes de la ramulariose sur l’orge.
Photo 7. Lésions brunes entourées d’un halo jaune sur l’orge et causées par la ramulariose.

ESCOURGEON 

Les escourgeons semés fin septembre, début octobre atteignent le stade phénologique redressement également appelé « épi 1cm » (BBCH30) et les semis de fin octobre sont majoritairement au stade fin tallage (BBCH29). 

Il faut encore attendre pour la seconde application au stade redressement, le tallage est abondant et il faut éviter une montée d'un trop grand nombre de tiges (risque de verse et trop forte compétition entre tiges avec pour conséquence un nombre réduit de grain par épi).

Pour rappel, la réponse des variétés lignées et hybrides diffère, le fractionnement doit se raisonner en fonction du type de variété implantée.  

Les fumures de référence 2022 du Livre Blanc céréales sont les suivantes : 

ESCOURGEON variétés lignées

ESCOURGEON variétés hybrides

55 kg N/ha au tallage

25 kg N/ha au tallage

55 kg N/ha au redressement

75 kg N/ha au redressement

50 kg N/ha à la dernière feuille

75 kg N/ha à la dernière feuille

Actuellement, 3 situations sont possibles : 

  1. La fraction tallage a été appliquée avant le 7 mars, dans ce cas il est conseillé d’appliquer la fraction redressement lorsque les conditions le permettront (mais pas avant que la culture n’ait atteint le stade redressement).  
  2. La fraction tallage a été appliquée la semaine dernière, dans cette situation, il n’est pas recommandé d’appliquer la fraction redressement cette semaine mais d’attendre encore un peu (minimum 1 à 2 semaines pour les hybrides, et minimum 2 à 3 semaines pour les lignées, selon les situations).
  3. La fraction tallage n’a pas encore pu être appliquée, dans ce cas, vu l’avancement actuel dans certaines parcelles, il est possible de regrouper les fractions tallage et redressement en une seule fraction de 80 kg N/ha.
Figure 1. Escourgeon : semis de fin septembre (BBCH 30) à gauche et semis de fin octobre (BBCH29) à droite.

FROMENT  

Le retour de températures plus douces est bénéfique pour la croissance du froment d’hiver.  Actuellement, les froments sont au stade :  

  • Plein tallage pour un semis de mi-octobre et de mi-novembre 
  • Début tallage pour un semis de mi-décembre

La première application d’engrais peut être ou a été effectuée pour les semis d’octobre et de novembre.  Elle peut être envisagée pour les parcelles de froment implantées au mois de décembre.  La seconde application ne devra être envisagée que lorsque la culture aura atteint le stade redressement, épi à 1 cm (BBCH30).

Pour rappel, les fumures de référence recommandées en 2022 par le Livre Blanc céréales sont reprises ci-dessous.  

Fumure de référence en 3 fractions

Fumure de référence en 2 fractions

Fraction du tallage : 60 kg N/ha

Fraction intermédiaire

« tallage-redressement » : 95 kg N/ha

Fraction du redressement : 60 kg N/ha

Fraction de la dernière feuille : 65 kg N/ha

Fraction de la dernière feuille : 75 kg N/ha

Ces fumures de référence doivent toujours être adaptées au contexte de la parcelle et à l’état de la culture.  Avant chaque apport, il est impératif d’ajuster les doses préconisées par la fumure de référence en tenant compte des différents facteurs correctifs repris dans le Livre Blanc.  Dans un contexte où le prix des engrais azotés est particulièrement élevé, il est plus que probable qu’un excès de fertilisation génère d’importants surcoûts.   

Concernant la fumure, vous trouverez des informations plus détaillées sur le site du Livre Blanc (céréales.be).  Les outils de calcul des fertilisations « Livre Blanc Céréales » (outil Excel ou tableau de calcul) ont également été mis à jour sur le site.  Vous les trouverez en cliquant sur le lien ci-contre Déterminer sa fumure -Livre Blanc Céréales (livre-blanc-cereales.be) 

CULTURE ASSOCIÉE FROMENT-POIS 

La fumure conseillée pour cette culture associée est une fumure en deux fractions.  Une première fraction de 40 kg N/ha devra être apportée au stade intermédiaire « tallage-redressement » du froment.  Ensuite, un apport de 60 kg N/ha sera réalisé lors du stade dernière feuille étalée du froment d’hiver (BBCH39).  Une fumure totale de 100 kg N/ha est donc recommandée.   

Pour les semis de froment-pois, les stades de développement pour l’application de la première fumure (40 kg N/ha) ne sont pas encore atteints actuellement.

Afin de pouvoir déterminer vous-même le stade de vos cultures.  Vous trouverez ci-dessous un rapide descriptif pour la détermination du stade redressement, épi à 1 cm de vos froments (même méthode pour les autres céréales comme l’escourgeon par exemple).   

  • La première observation concerne votre culture de manière globale.  Si celle-ci possède un port dressé alors nous vous invitons à récolter quelques plants et à procéder aux étapes suivantes.   
  • Sur une plante, il faut sélectionner le maître-brin (c’est-à-dire la talle la plus grande).  Enlevez les quelques feuilles sénescentes.  Finalement, sectionnez le maitre brin à la base du plateau de tallage afin d’éliminer les racines.   
  • Ensuite, à l’aide d’une lame bien affutée ou d’un cutter, réalisez une incision longitudinale du bas vers le haut de la plante.  Conservez la demi-plante qui vous permet d’observer l’épi.  Mesurez enfin la distance entre le plateau de tallage et l’épi.  
  1. Lorsque la distance entre le plateau de tallage et le premier nœud est d’au moins 1 cm, on considère qu’on est au stade premier nœud (stade 31 – plante la plus proche de la règle).  
  2. Lorsque la distance entre le plateau de tallage et le sommet de l’épi est d’au moins 1 cm, on considère que la plante a atteint le stade redressement (stade 30 – plante centrale).  
  3. Si la distance entre le plateau de tallage et le sommet de l’épi est de moins de 1 cm, la plante n’a pas encore atteint le stade redressement. 

Cette observation doit être répétée au moins 5 fois à différents endroits de la parcelle afin d’avoir une bonne représentation de l’état de votre culture sur le champ.

 Vous trouverez ci-contre le lien pour déterminer les stades de vos plantules (Stades).

 

Observer avant de décider :

Avant tout traitement, il est indispensable de vérifier l’état de la culture et d’identifier les adventices en présence.

Afin d’éviter tout effet phytotoxique, la céréale ne doit pas être déchaussée et atteindre le stade début tallage (la première talle doit être visible).  Toujours pour éviter ces problèmes de phytotoxicité, il convient de ne pas traiter en période de gel, même nocturne.  Le ou les produits à utiliser seront déterminés en fonction des adventices présentes dans la parcelle.

Il est très important d’adapter la dose des produits choisis au stade de développement des adventices présentes au moment du traitement.  Si les adventices sont faiblement développées, la dose d’emploi des produits peut être raisonnée.

Froment et épeautre :

Il y a de fortes chances que les adventices soient bien développées dans les premiers semis non traités durant l’automne.

Dans ce cas, il conviendrait de ne pas trop attendre et de préférer l’utilisation de produits à pénétration foliaire, tant contre les graminées que contre les dicotylées.  Sur des semis plus tardifs, en présence d’adventices peu développées, l’emploi de produits racinaires pourrait s’avérer suffisant.

Escourgeon :

Si un rattrapage de printemps est nécessaire contre les graminées, les produits à base de pinoxaden (AXEO, AXIAL) ou de fenoxaprop (FOXTROT) constituent la seule solution.  En effet, ces anti-graminées spécifiques devraient être plus efficaces, sur des graminées probablement assez développées, que les produits à base de chlortoluron.

Au sein du réseau d’observation, les parcelles d’épeautre sont encore assez claires.  On note une densité plus faible qu’à l’accoutumée. Cette levée imparfaite, résulte souvent du pouvoir germinatif des semences, affecté cette année par une pré-germination sur pied avant la récolte.  En conditions bio, des problèmes de fonte de semis causés par la fusariose (Microdochium nivale) sont rapportés. 

Les plantes n’ont pas encore atteint le nombre optimal de talles.  En fonction des dates de semis, elles ont entre 2 et 6 talles.  De nombreuses terres ont été roulées pour favoriser ce tallage et préserver l’humidité.  Sur base des prévisions météo et des situations vécues ces dernières années, on peut, en effet, craindre une période de sécheresse et chaque opération préservant l’eau est bonne à réaliser.  Des rouleaux plats peuvent être utilisés mais les rouleaux type Cambridge sont plus efficaces car ils permettent dans le même temps d’aérer le sol, d’y faire rentrer de la chaleur et de provoquer ainsi une première minéralisation.  De plus, sur des terres battues par les pluies hivernales, les rouleaux plats sont à éviter alors que les « Cambridge » permettent, eux, de fragmenter la croute.  L’inconvénient de ces derniers par rapport au rouleaux plats est qu’ils imposent une vitesse plus lente afin de ne pas abimer les plantes.  A noter que le passage du rouleau est totalement déconseillé sur les plantes encore « engourdies » par les gelées matinales.  

Rouler ses terres permet de préserver l’eau. C’est une technique à ne pas négliger dans la situation actuelle

Cette année, les conditions météorologiques et la portance des sols se prêtent bien au désherbage mécanique.  Celui-ci peut se réaliser à l’aide d’une herse étrille ou d’une houe rotative.  Les désherbages chimiques sont dans l’ensemble déjà réalisés et l’application des premières fractions d’azote est en cours.  Si ce n’est le cas, quelques légères pluies sont annoncées mardi et jeudi.  Dans la mesure du possible, appliquer l’azote avant ou durant ces bruines est recommandé.

Concernant les maladies, la douceur et l’humidité de l’hiver ont été favorables aux champignons pathogènes : la septoriose et l’oïdium sont présents sur les vieilles feuilles.  Depuis quelques jours, la rouille jaune a fait son apparition.  Il semble s’agir d’une race affectant à la fois les triticales et les épeautres, mais pas les froments : peut-être s’agit-il de la souche Triticale-Agressive déjà présente ces dernières années dans nos campagnes.  Le spectre des variétés touchées est large, incluant des variétés réputées résistantes comme Zollernspelz, Vif ou Zollernfit.  Ce n’est ni fréquent ni inquiétant, car les tolérances de ces variétés se manifesteront vraisemblablement à partir du stade redressement, épi à 1 cm (BBCH30).  De plus, les conditions lumineuses annoncées pour les 10 prochains jours ne sont pas favorables à la survie des spores de ce champignon.  A ce stade, aucun traitement n’est donc recommandé.  

La rouille jaune a fait son apparition mais n’est pas dommageable à ce stade.

Toutes vos questions ou réflexions concernant l’épeautre et sa culture sont les bienvenues à l’adresse suivante: g.jacquemin@cra.wallonie.be ou par téléphone au 0474/96.12.89.

 

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