CePiCOP - 06.05.2025 - Fin floraison du colza - Protection contre les maladies des protéagineux - Orge: épis charbonnés - Suivi maladies et fertilisation en froment - Froment/pois et blé dur: fertilisation - Epeautre
Insectes pollinisateurs: activité intense durant la semaine estivale.
Insectes ravageurs: observation des premières siliques touchées par les céciomyies des siliques.
Pois ete féverole
Stade: début floraison.
Maladies: envisager la protection fongicide préventive.
Escourgeon
Maladies: si vous observez des épis charbonnés, veillez à ne pas réaliser des semences fermières.
Froment
Stades: les parcelles se situent majoritairement au stade dernière feuille pointante (BBCH 37) ou dernière feuille étalée (BBCH 39).
Maladies: un traitement après le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) est la solution recommandée pour cette année. Pour ceux qui ont récemment traité leur froment (notamment pour les rouilles), il n'est pas nécessaire de traiter cette semaine (sauf en cas de foyers actifs de rouille jaune) mais il sera nécessaire de revenir 3 (maximum 4) semaines après la première application pour un traitement relais.
Fertilisation azotée : troisième fraction à appliquer, préférentiellement sous forme solide, à la dernière feuille étalée (BBCH 39).
Froment / Pois
Stades: floraison du pois et dernière feuille étalée du froment (BBCH 39).
Maladies: Traitement préventif conseillé contre l'anthracnose et le botrytis pendant la floraison du pois.
Fertilisation azotée : apport de la deuxième fraction à la dernière feuille du froment (BBCH 39).
Blé dur
Stade: en fonction de la variété et de la date de semis, les parcelles de blé dur sont maintenant entre le stade dernière feuille pointante (BBCH 37) et gonflement maximal avec quelques gaines éclatées (BBCH 45).
Fertilisation azotée: la troisième fraction d'azote doit être appliquée cette semaine sur les parcelles qui ont maintenant atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39).
Fongicide : la pression reste relativement faible. Néanmoins, il est recommandé de réaliser un premier traitement au stade BBCH 39 afin de protéger la dernière feuille contre les différentes maladies du feuillage.
Epeautre
Stades de développement : La dernière feuille est visible dans la majeure partie des semis d'octobre. Selon les variétés, elle est pointante (BBCH 37), enroulée ou entièrement déployée (BBCH 39).
Fertilisation : la période est propice à l'application de la dernière fraction azotée.
La météo estivale de la semaine dernière a accéléré la floraison du colza d'hiver, avec des températures record supérieures à 25°C, un ensoleillement généreux et une forte luminosité.
Depuis l'arrivée des averses du samedi 3 mai, les températures se sont nettement rafraîchies, sous la barre des 15°C, avec un vent du N-NE et un temps annoncé sec pour les 15 prochains jours.
La culture de colza d'hiver se dirige vers la fin de la floraison avec toutefois des différences variétales bien marquées. Les variétés les plus précoces présentent les dernières fleurs avec de nombreuses siliques bien formées. Les variétés les plus tardives sont encore bien fleuries et termineront progressivement leur floraison et formation des siliques.
Pendant les récentes journées très ensoleillées, les abeilles ont bien travaillé. Les autres insectes ont également profité de ces conditions : les charançons des siliques et les cécidomyies étaient également présents dans la culture.
Ce lundi avec un temps nettement plus frais, venteux et aussi moins lumineux, peu d'insectes étaient visibles dans la culture de colza d'hiver : un faible nombre de charançons des siliques (de 0 à 12 adultes pour 40 plantes), très peu de méligèthes devenus inoffensifs durant la floraison et aucune abeille.
On observe actuellement les premières siliques touchées par les pontes de cécidomyies des siliques. Ces siliques sont reconnaissables par leur couleur plus claire, leur gonflement particulier et la présence de très petites larves blanches à l'intérieur. Il est encore trop tôt pour déterminer l'ampleur de ces dégâts.
Au centre, silique gonflée, avec présence de petites larves de cécidomyies à l’intérieur (Photo CC 05/05/2025)
Cet avis est le dernier de cette saison d'observations hebdomadaires en colza d'hiver, au printemps 2025. On en profite pour remercier les observateurs qui participent chaque semaine à ce réseau depuis fin février et qui ont permis la réalisation de 11 avis colza reflétant la situation de cette culture prometteuse.
C. Cartrysse
Le pois protéagineux d'hiver et la féverole d'hiver se sont rapidement développés suite aux températures très élevées de la semaine dernière. Ces cultures sont arrivées à la floraison, stade sensible vis-à-vis des maladies telles que l'anthracnose (ou ascochytose) et le botrytis.
La protection contre ces maladies se fait de manière préventive avec un fongicide car il n'existe aucun produit curatif lorsque les symptômes sont visibles. Il n'y a pas de résistance variétale actuellement.
En conditions très sèches, la rouille peut se développer en féverole.
La liste des produits fongicides autorisés en Belgique se trouve sur le site du CePiCOP sous l'onglet Protéagineux.
Les insectes (pucerons, bruches) seront surveillés pendant la floraison mais ne nécessitent actuellement pas de traitement, en leur absence.
Piège à insectes installé en pois protéagineux d’hiver pour repérer l’arrivée des pucerons (Photo CC 05/05/2025)
C. Cartrysse
Les escourgeons sont actuellement en phase d'épiaison et de floraison. Toutes les interventions culturales prévues ont été réalisées ; il ne reste plus qu'à espérer un bon remplissage des épis ! La campagne de surveillance des maladies foliaires est donc désormais achevée.
Dans certaines parcelles, la présence d'épis charbonnés est constatée (voir Figure 1). Ces épis, noirs et poudreux, sont issus d'une contamination par le charbon nu de l'orge (Ustilago nuda). Les pertes de rendement dépendent directement de la proportion d'épis atteints et restent donc généralement faibles.
Cependant, si vous identifiez de nombreux épis dans vos parcelles, il est déconseillé d'utiliser les grains de cette parcelle pour produire des semences fermières au risque de voir encore plus d'épis charbonnés dans votre parcelle l'année prochaine. Les spores libérées lors de la floraison peuvent se disperser sur plusieurs centaines de mètres. Une vigilance particulière est donc recommandée, y compris vis-à-vis des parcelles voisines. Plusieurs traitements de semences sont disponibles et offrent une excellente protection contre la maladie : le Kinto Plus, le Vibrance Gold et le Vibrance Star se sont montrés très efficaces contre la maladie. D'autres traitements, tels que le Redigo, le Difend ou le Premis, sont moins efficaces et ne sont pas recommandés spécifiquement pour lutter contre cette maladie.
A. Nysten
Les observations du réseau wallon, réalisées ce lundi 5 mai, indiquent que la majorité des parcelles de froment se situent entre les stades dernière feuille pointante (BBCH 37) et dernière feuille déployée (BBCH 39), les plus précoces atteignant déjà le gonflement de la gaine (BBCH 41).
Septoriose : Cette année, la maladie reste très discrète et, contrairement à 2024, elle semble poser nettement moins de problèmes à ce stade.
Rouille jaune : Quelques stries ont été observées sur des variétés sensibles (Campesino, KWS Smart, ...) mais également sur des variétés habituellement peu à moyennement sensibles (Winner, SU Ecusson, Champion, Debian, Celebrity). Une vérification de vos parcelles est donc recommandée.
Rouille brune : Une légère progression a été constatée dans certaines parcelles (notamment sur Champion, Debian, Celebrity, KWS Sverre, Positiv, LG Skyscraper, SY Revolution ...). Quelques pustules sont désormais visibles sur les feuilles F2 et F3 définitives.
Les maladies principales en froment :
Si la présence des maladies foliaires reste encore limitée ce lundi, dans la majorité des situations observées, les stades avancent et les froments vont prochainement atteindre le stade dernière feuille étalée (BBCH 39).
Il est conseillé de protéger vos parcelles avec un traitement complet lorsque vos froments auront dépassé ce stade dernière feuille étalée (BBCH 39) si aucun traitement n'a encore été fait. Inutile d'aller traiter trop tôt si aucune pression n'est importante ! Attendez que toutes les feuilles soient bien déployées. Le traitement doit assurer une protection durable, jusqu'à la fin du cycle végétatif.
Conseils pour le choix d'un traitement fongicide :
Pour rappel et afin d'éviter l'apparition trop rapide de résistance au sein des pathogènes, il est conseillé :
d'alterner les triazoles utilisés entre les applications ;
de n'appliquer une strobilurine qu'une seule fois par saison ;
de n'appliquer un QiI (fenpicoxamid) qu'une seule fois par saison ;
de n'appliquer un SDHI qu'une seule fois par saison.
Ce traitement devra reposer sur une solution à base de triazole (prothioconazole, mefentrifluconazole, tebuconazole ou metconazole), de SDHI (bixafen, fluopyram, fluxapyroxad, benzovindiflupyr) et/ou d'un QiI (fenpicoxamid). Si par la suite, vous souhaitez protéger vos épis contre la fusariose, il est conseillé de garder les produits à base de prothioconazole pour plus tard et de se diriger vers d'autres produits, ne contenant pas cette substance active. L'ajout d'une strobilurine (pyraclostrobine, azoxystrobine, …) est recommandée pour renforcer la protection contre les rouilles, qui risquent d'être prédominantes dans les prochaines semaines. Enfin, l'ajout d'un produit multisite, à base de folpet ou de soufre (liquide de préférence) est fortement conseillé.
Si vous avez déjà réalisé un traitement fongicide dans vos froments (au stade BBCH 32 par exemple), il sera nécessaire de revenir 3 (maximum 4) semaines après la première application pour un traitement relais. La culture devrait alors avoir atteint le stade épiaison et il sera temps de revenir avec un second traitement afin de protéger les nouvelles feuilles sorties et l'épi.
A. Nysten
Les températures élevées enregistrées la semaine passée ont permis aux froments d'accélérer leur croissance et leur développement. Dans les régions où des précipitations ont été observées, les précédentes fractions azotées ont enfin été valorisées. Les semis du mois d'octobre ont déjà atteint le stade « dernière feuille pointante » (BBCH 37), voire le stade « dernière feuille étalée » (BBCH 39), selon la précocité des variétés.
À gauche : variété KWS Extase au stade dernière feuille pointante (BBCH 37) ; à droite : variété Chevignon au stade dernière feuille étalée. Semis du 16 octobre 2024.
L'application de la dernière fraction d'azote peut donc être envisagée pour ces parcelles afin d'assurer le meilleur compromis entre rendement et teneur en protéines.
Cette dernière fraction doit être modulée en fonction de la parcelle en tenant compte des conditions culturales, des apports déjà réalisés et de l'état de la culture.
En théorie, cet apport peut se réaliser sous forme solide ou liquide, tout en respectant les bonnes conditions d'application. En effet, si on choisit d'appliquer l'engrais sous forme liquide, il convient d'être prudent afin de ne pas brûler les feuilles supérieures de la culture.
Les précautions suivantes doivent également être respectées autant que possible :
Effectuer cet apport liquide au stade dernière feuille pointante (BBCH 37). Si ce stade est déjà passé, opter pour un apport sous forme solide ;
Ne pas réaliser cette intervention en plein soleil et lorsque le vent vient du nord et de l'est (ce qui est le cas cette semaine) ;
Utiliser des jets adaptés (jets dropleg ou filet par exemple) qui permettront à l'engrais liquide d'atteindre le sol ;
Appliquer l'engrais avant des précipitations (pas de précipitations dans les 10 jours à venir) ;
Ne pas appliquer l'engrais liquide en mélange avec des produits phytosanitaires.
Les conditions sèches et venteuses actuelles ne sont donc pas propices à une application de la dernière fraction azotée sous forme liquide. Cette forme perturbera assurément et significativement l'état foliaire des plantes et in fine le potentiel de remplissage des grains.
Un passage réalisé dans de bonnes conditions permet de réduire considérablement les pertes d'azote par volatilisation et de maximiser la valorisation de ces apports par la culture. L'engrais sous forme solide sera donc à privilégier dans ces conditions et pourra être appliqué au stade dernière feuille étalée (BBCH 39).
N. Vannoppen
La culture de froment associée aux pois protéagineux d'hiver approche du stade de la dernière feuille étalée (BBCH 39). Il est donc possible d'envisager l'apport de la seconde fraction d'azote sur ces parcelles. Pour cette application, la dose de référence recommandée est de 60 kg N/ha. Afin de préserver l'intégrité de la dernière feuille, il est préférable d'effectuer cet apport sous forme solide.
Du côté des pois d'hiver, la floraison a débuté. Cette phase rend la plante particulièrement vulnérable à certaines maladies, notamment l'anthracnose et le botrytis. Une intervention fongicide préventive est donc envisageable à l'approche de la pleine floraison. Dans ce cadre, l'utilisation d'azoxystrobine à la dose de 250 g/ha est conseillée. Cette molécule offre une protection efficace contre les maladies des pois d'hiver et bénéficie également à la culture de froment.
Un second traitement fongicide pourra être programmé au moment de la floraison du froment, cette fois à base de metconazole, pour renforcer la protection globale des deux cultures.
Pour tous ces traitements, il est indispensable de vérifier que l'agréation des formules commerciales utilisées soient homologuées à la fois pour le froment d'hiver et pour les pois protéagineux destinés à la récolte sèche, car les usages autorisés peuvent varier d'un produit à l'autre (Phytoweb).
Pour toutes informations complémentaires, n'hésitez pas à consulter le livret concernant la culture du pois protéagineux, reprenant également les informations de la culture associée froment - pois, sur le site du CePiCOP ou en cliquant ici.
N. Vannoppen
Grâce aux conditions estivales de la semaine dernière, le blé dur poursuit son développement à un rythme effréné. La plupart des parcelles ont maintenant atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39), stade clef pour la fertilisation azotée mais aussi pour la protection de la culture. Certaines variétés précoces (Anvergur, Danube, Platone et Rocaillou) semées au mois d'octobre ont même dépassé ce stade et sont maintenant au gonflement. Néanmoins la chute des températures prévue pour cette semaine devrait ralentir quelque peu le développement du blé dur.
Le manque de précipitations observé actuellement entrave la mise à disposition de l'azote pour la plante. Dans certaines parcelles, les dernières feuilles présentent des symptômes de carence qui peuvent être associés à une faim d'azote. Par conséquent, il est recommandé d'appliquer la troisième fraction d'azote sur les parcelles qui ont atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39). Pour rappel, ces apports en fin de montaison sont essentiels pour garantir une bonne teneur en protéines. Pour ce troisième passage, il est recommandé dans la mesure du possible, de travailler en solide afin de ne pas endommager la dernière feuille.
Globalement, la situation sur le plan sanitaire reste très saine. Toutefois, des pustules de rouille jaune peuvent être observées sur certaines variétés comme Berndur, Platone, Rocaillou, RGT Kapsur, Wintergold et Wintersonne. Bien que ces infestations restent limitées, il est recommandé de réaliser un premier traitement au stade dernière feuille étalée (BBCH 39). L'application préventive d'un fongicide à ce stade permettra de protéger l'ensemble du feuillage contre les différents champignons pathogènes. Si la situation le justifie, ce premier traitement pourra éventuellement être complété par un traitement relais à la floraison (BBCH 65) afin de protéger l'épi. Avant d'opter pour un produit, une vérification sur Phytoweb est nécessaire. Vous pouvez également retrouver cette information dans les pages jaunes du Livre Blanc Céréales.
Des taches physiologiques continuent également d'être observées sur certaines variétés. Il est possible que ces symptômes abiotiques progressent avec les fortes amplitudes thermiques enregistrées entre cette semaine et la semaine passée. Néanmoins, il n'y a pas lieu de s'inquiéter car la nuisibilité de ces taches est faible. Par ailleurs dans les parcelles emblavées avec les variétés Anvergur et Duraverde, le fond de végétation passe progressivement du vert au jaune. Ce jaunissement dans les étages foliaires inférieurs (F6 et F7) est lié à la sénescence naturelle des feuilles du bas.
Cette fin de montaison coïncide également avec la méiose pollinique, phénomène particulièrement sensible au froid. Néanmoins même si les températures ont brusquement chuté depuis dimanche, le thermomètre ne devrait pas descendre en dessous de +4°C, seuil en deçà duquel des problèmes de fertilité peuvent apparaître aux niveaux des épis.
Si vous souhaitez avoir plus de renseignements, vous pouvez contacter Rodrigo Meza du CRA-W à l'adresse suivante : wr.meza@cra.wallonie.be ou par téléphone au 0471/49.07.27
R. Meza
La météo favorable se poursuit
Quelques pluies qui font du bien et un temps qui reste très sec. Des températures parfois chaudes parfois plus fraiches mais qui ne descendent pas sous les 5-6°C, que pouvons-nous demander de mieux ? La saison se poursuit donc avec cette météo très favorable.
Stade de développement
La dernière feuille de la majorité des épeautres semés en octobre est désormais bien visible. Pour les variétés tardives à l'épiaison comme Sérénité et Lucky, elle est encore pointante (BBCH 37) ; pour les précocités modérées comme Cosmos ou Zollernperle, elle est enroulée et pour les plus précoces comme Franckentop ou Zollernfit, elle est désormais complètement déployée (BBCH 39). Pour les semis plus tardifs, les champs sont encore au stade deuxième nœud (BBCH 32) et la feuille visible est l'avant-dernière feuille. Cette année, la plupart des maitres-brins (tige principale) compteront 7 feuilles avant l'apparition des épis.
Fertilisation
Cette semaine, les conditions sont réunies pour appliquer si ce n'est déjà fait la dernière fraction. La fumure pour laquelle nous avons opté, cette année est de 60-50-50 pour les parcelles régulées une fois et de 40-40-40 pour celles cultivées sans régulateur. En Condroz, nous avons appliqué l'azote en deux fractions respectivement de 80 et de 70 unités tandis qu'en Ardenne, les deux fractions seront seulement de 50 unités chacune.
Régulateur de croissance
Comme expliqué précédemment, les conditions de l'année nous ont permis de nous contenter d'un seul traitement raccourcisseur en épeautre. Si vous n'en avez pas appliqué et qu'il vous semble que votre culture est trop dense (nombre de talles élevé et fertilisation supérieure à 120 uN), il est toujours possible d'appliquer certains produits mais la liste est plus réduite que lors du stade dernière feuille (BBCH 32). Sont agréés jusqu'au stade BBCH 39, les raccourcisseurs contenant de la prohexadione-Ca seule (Fabulis OD, Yawl,…) ainsi que le Medax Max.
Maladies et tâches physiologiques
A la fin de cette semaine, toutes les feuilles des épeautres semés en octobre seront déployées (BBCH 39), à partir de ce stade, le traitement unique peut être appliqué. De la rouille jaune est toujours rapportée sur la variété Cosmos ce qui, en cas de foyer actif, incite à intervenir dès que la dernière feuille sera étalée. On se situera alors aux alentours du 10 mai et le traitement devra protéger la culture jusqu'à la mi-juin soit 5-6 semaines. Dans ce cas un traitement complet est souhaitable et contiendra des molécules très efficaces et assez rémanentes (nouvelles triazoles, SDHI,…), ces traitements vous couteront entre 80 et 120€ l'hectare. Pour toutes les situations où la culture est saine, il existe une autre possibilité. Cette saison, la septoriose ne sera pas un problème, seule la rouille brune (et éventuellement la rouille noire) sont à craindre dans les prochaines semaines. Contrairement à la septoriose, les rouilles se contrôlent assez facilement avec de « plus vieilles » molécules comme les triazoles suivantes : prothioconazole,tebuconazole,metconazole et les strobilurines telles que l'azoxystrobine (= Amistar®) ou la pyraclostrobine. En combinant, une molécule de chacune de ces deux familles, on obtient une protection suffisante pour un coût d'environ 40 à 60€ de l'hectare.
Photo 2 : Quelques foyers de rouille jaune sont observés dans la variété Cosmos. Aucune autre variété d’épeautre ne semble affectée cette année.
Afin de garantir la protection le temps nécessaire au remplissage des grains, il est judicieux, lorsque la culture est particulièrement saine, de postposer le traitement jusqu'à l'apparition de pustules de rouille brune sur la F3. On peut, dans ce cas, décaler le traitement jusqu'à l'épiaison (BBCH 51).
Comme pour les insectes un traitement prématuré est souvent contre-productif : il crée un vide que la nature se charge de combler dès que les produits perdent de leur efficacité. En « insecte », et particulièrement en « puceron », ce mécanisme est appelé « effet boomerang » ; les pucerons recolonisant le champ bien plus rapidement 10 jours après le traitement insecticide que dans un champ non traité dans lequel les parasitoïdes sont toujours présents. Pour les maladies cryptogamiques (les champignons), le phénomène est moins documenté mais il est tout aussi réel. Il existe une multitude de micro-organismes ni bons ni mauvais que l'on dit « commensaux » qui occupent la place sur les feuilles retardant le développement des agents pathogènes. C'est pourquoi, si l'on dispose d'un traitement dont la rémanence n'excède pas 4-5 semaines, que l'on souhaite une protection de 6-7 semaines, et que l'on démarre d'une situation saine, il vaut mieux attendre 2 semaines de plus avant d'appliquer le traitement, les champignons se développeront moins vite avant qu'après la période d'efficacité du traitement.
Il existe évidement la solution de ne pas traiter. Ce devrait d'ailleurs être une bonne année pour les céréales bio. C'est ce que nous leur souhaitons mais en agriculture conventionnelle (avec les prix du marché), la seule saison où l'absence totale de traitement fongicide a été plus rentable que le traitement unique a été la saison 2016-2017. Si à l'avenir, à l'instar de ce qui se fait en Suisse, il existe un prix spécifique pour les récoltes des céréales « faibles intrants », le conseil pourra évoluer en ce sens. Accompagnant ces évolutions, notre objectif reste et restera de vous conseiller afin d'optimiser le rendement économique de vos céréales. De manière rassurante, ce dernier est souvent bien plus écologique que le rendement agronomique maximal permis par des apports surdimensionnés d'engrais et de produits phytosanitaires.
Le coin « Culture »
La petite parenthèse du jour concerne la situation de l'épeautre en Suisse. Toujours lors du congrès de mars dernier, nous avons eu la chance d'accueillir Dario Fossati, le sélectionneur de céréales de l'Agroscope (le CRA-W suisse), pensionné depuis le mois dernier après avoir, durant les 40 dernières années, créé, avec ses équipes, la majorité des variétés de blés actuellement cultivés en Suisse.
Il ne sélectionne pas d'épeautre mais a accepté de nous faire un point sur la situation de cette culture dans son pays. L'histoire de l'épeautre en Suisse est similaire à celle de la Wallonie. On y cultive cette espèce depuis le Néolithique et jusqu'au 19ème siècle, elle est la principale céréale du pays. Depuis, l'épeautre a dû céder sa place au froment mais il reste une céréale importante pour les Suisses avec environ 10.000 ha pour 80.000 ha de froment. Preuve de cet attachement à cette culture, l'Agroscope possède la plus grande collection d'épeautre du monde. Elle contient 2000 accessions. Et pourtant…
L'Agroscope ne fait plus de sélection d'épeautre et le marché de l'épeautre suisse ne repose que sur deux variétés : Oberkulmer et Ostro inscrites respectivement en 1948 et 1978. En réalité, le marché ne repose que sur une seule génétique car la variété Ostro est le résultat du croisement d'Oberkulmer avec le Rouge du Tyrol.
En cause, la décision gouvernementale motivée par des lobbies très puissants, fin des année 90', d'accorder un prix très différencié entre les « Ur dinkel », les « purs épeautre » et les autres variétés qui contiennent peu ou prou de froment.
Figure 3 : Evolution de la part de marché, des différentes variétés cultivées en suisse. Dario Fossati
La décision peut sembler pertinente au premier abord mais c'est sans compter que l'épeautre est à l'origine un hybride entre l'amidonnier et le froment (voir Avis épeautre 2) et que la définition actuelle suisse d'un « pur épeautre » est un épeautre qui doit être semblable à Oberkulmer. Nos races locales wallonnes (Avis épeautre n°6), par exemple, ne correspondent pas à cette définition. Les croisements entre les épeautres et les froments spontanés sont nombreux et les premiers croisements volontaires entre les deux sous-espèces ont été réalisés en Allemagne fin des du 19ème siècle. En Belgique, c'est seulement dans les années 50' que la Lignée 24 a été croisée avec le froment suédois Virtus pour donner naissance à la variété Ardenne et à tous ses descendants (Rouquin, Franckenkorn, Cosmos,…).
Toute la sélection suisse intégrant une part de froment a donc été balayée du marché il y a 25 ans. Ce fut notamment le cas des variétés Lueg et Hubbel, variétés, pour l'époque, bien plus résistantes et productives que Oberkulmer et Ostro.
La conséquence de cette recherche de la « pureté variétale », terme qui donne des frissons 80 ans après l'ouverture des portes des camps de l'horreur, apparaît désormais clairement à l'analyse des rendements. Si depuis, 20 ans, les rendements en froment stagnent et ne diminuent pas, c'est parce que la sélection compense les pertes dues au dérèglement climatique. En épeautre, l'arrêt de la sélection et la non-utilisation d'une magnifique diversité a conduit la culture à une réduction de 30% du rendement ! Les deux « purs » épeautres sont très sensibles à la verse, aux rouilles et ne sont pas adaptés aux nouvelles conditions climatiques plus sèches et plus chaudes qui affectent la Suisse.
Figure 4 : Evolution des rendements d’épeautre et de froment en Suisse. Le cercle noir indique le moment où la sélection variétale de l’Agroscope a pris fin. Dario Fossati
Dans mon métier, je passe beaucoup de temps à étudier les métabolismes de défense et de développement des espèces végétales. Je remarque avec toujours autant d'émerveillement la diversité des mécanismes mis en place par les plantes au travers des variétés. Elles n'ont jamais une façon unique de réagir face à un pathogène, un ravageur, un stress ou une carence. La diversité des variétés permet de ne pas suivre des procédures figées. En les adaptant continuellement et en mettant à profit la diversité de leurs mécanismes de réaction, on peut faire face aux défis climatiques. Dans le monde vivant, la rigidité est synonyme de mort. C'est pourquoi je plaide pour une sélection vivante et diversifiée.
Je vous souhaite une très belle semaine,
G. Jacquemin
Réalisé grâce au concours et au soutien de nos partenaires