Fraises
Avec deux semaines de retard, la saison des fraises est enfin lancée en Wallonie. Et si les producteurs wallons arrivent après les Espagnols ou les Flamands, c'est parce qu'ils cultivent les fraises en pleine terre, de manière traditionnelle.
En Wallonie, la culture se passe sous des tunnels, c'est-à-dire sous des protections en plastique qui ont vraiment la forme d'un tunnel. Certains d'entre eux peuvent atteindre 300 mètres de long. Cela peut paraître beaucoup, mais au total, ça ne fait même pas un demi-hectare. Le fraisier est une petite plante qui produit beaucoup. On parle de 500 grammes de fraises par plant en moyenne. Sur un hectare, on peut planter 40.000 plants, pour une récolte de 20 tonnes de fraises à l'hectare. Et tout ça sur une période assez courte de 2 à 3 mois seulement pour la récolte. "La saison des tunnels ou des fraises sous tunnel, c'est plus ou moins 6 semaines, de 4 à 6 semaines suivant les températures, précise Jonathan Dolphens, fraisiériste en Brabant wallon. Et après, ce sont des fraises de plein air qu'on couvre uniquement au moment de la récolte pour pouvoir les protéger."
Le prix en 2023
Le prix de la fraise est plutôt stable d'année en année. Chez Jonathan Dolphens, par exemple, en fonction de la quantité, le prix est à 10 ou 11 € le kilo.
Les fraises en provenance de la criée flamande de Hoogstraten sont globalement au même prix. Mais attention, on n'est pas sûr qu'elles soient belges, car les Néerlandais frontaliers viennent aussi à cette criée flamande.
L'appellation "Fraises de Wallonie"
Et les criées ont plutôt tendance à disparaître en Wallonie. Celle de Wépion n'est d'ailleurs plus… à Wépion, elle a déménagé à Gerpinnes. Et beaucoup de producteurs préfèrent vendre directement aux consommateurs ou à des commerces locaux.
Au sein du Groupement des fraisiéristes wallons, qui représente à peu près 200 exploitations, une appellation a été créée sous le nom de "Fraises de Wallonie". Elle fédère plus de 50 fraisiéristes qui s'engagent à produire en pleine terre, en agriculture raisonnée et au juste prix pour obtenir une bonne rémunération.
C'est en quelque sorte un juste retour des choses parce que la production flamande compte pour 90% du marché. Mais c'est pourtant en Wallonie qu'on a commencé à développer la fraise de manière intensive, à la fin du XIXᵉ siècle.
Et ces dernières années, les choses bougent pas mal. "Il y a toute une évolution dans le secteur depuis ces vingt dernières années, notamment la culture sous tunnel qu'auparavant on ne faisait pas vraiment, témoigne Hélène Bullen, la gestionnaire du groupement des fraisiéristes wallons. C'est déjà un grand pas en avant qui permet d'avoir des fraises plus tôt et de meilleure qualité. On a aussi à l'heure actuelle la culture sous tunnel qui va se faire en utilisant le tunnel comme un parapluie, je n'ai pas d'autres termes, c'est vraiment un parapluie comme pour les humains, qu'on va mettre au mois de juin et qui permet de prolonger les cultures, sans avoir de gros dégâts dus à la grêle ou aux orages et qui détruiraient toute la récolte. Et puis on a une évolution en termes de variétés qu'on utilise puisque la variété à l'heure actuelle la plus plantée en Wallonie, c'est la Joly, et elle est issue de nos essais techniques que nous réalisons ici chaque année."