CePiCOP - 09.04.2024 - Suivi des maladies en escourgeon et froment - Etat des lieux des cultures d'épeautre et de colza - Avis sur le triticale et l'anthracnose dans les pois

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Escourgeon

Stades : Les températures du weekend dernier ont propulsé la plupart des escourgeons aux stades 1er (BBCH 31) et 2ème nœud (BBCH 32), stades clé pour la protection fongicide.

Maladies : La rouille naine est bien présente et haute dans le feuillage dans l'ensemble des parcelles observées. La rhynchosporiose et, dans une moindre mesure, l'helminthosporiose et l'oïdium sont également observés dans le réseau. Pour les parcelles emblavées avec une variété sensible à la rouille naine, il est conseillé d'intervenir dès que possible avec une solution à base de triazole et/ou de strobilurine. 

froment

Stades : La plupart des froments sont entre le stade épi 1 cm (BBCH 30) et le stade 1er nœud (BBCH 31). Certaines parcelles, semées tardivement sont encore en plein tallage et d'autres, semées tôt avec une variété précoce, se rapprochent déjà du stade 2ème nœud (BBCH 32).

Maladies : La rouille jaune a fait son apparition dans le Hainaut, il est fortement conseillé d'aller visiter vos parcelles emblavées avec une variété sensible. La septoriose est bien présente dans l'ensemble des parcelles du réseau. Aucune intervention n'est recommandée avant le stade BBCH 31 (si rouille jaune) et avant le stade BBCH 32 (si septoriose).

Epeautre

Stades : Les épeautres d'octobre sont désormais au redressement. Le stade épi 1cm (BBCH 30) est atteint et les plus précoces se dirigent rapidement vers le stade premier nœud (BBCH 31).

Fertilisation : Pour les fertilisations prévues en 3 fractions, la deuxième est généralement à appliquer.

Désherbage : Les prochains jours vont permettre le désherbage des champs semés tardivement et non encore désherbés.

Raccourcisseurs : Les conditions prévues à partir de mercredi s'annoncent idéales pour l'application des régulateurs à condition d'éviter les heures les plus venteuses de la journée.

Maladies et ravageurs : Des jaunissements et quelques nécroses sont visibles sur les feuilles des épeautres. Hormis quelques facteurs abiotiques (vent, humidité, faim d'azote), l'oïdium et la septoriose en sont généralement responsables. Aucun signalement de rouille jaune ne nous a été rapporté en épeautre.

triticale

Cette année, il n'y aura pas d'avertissement hebdomadaire pour la culture de triticale. Cet avertissement reprend donc une synthèse des éléments importants pour la conduite de cette culture.

Stades : Selon les situations, les stades des triticales sont compris entre le tallage (BBCH 29) et le 1er nœud (BBCH 31).

Maladies : En région froide (Ardenne), la rhynchosporiose est bien présente. De la rouille jaune est observée sur les variétés sensibles. Attendre le stade 1er nœud (BBCH 31) avant d'envisager un traitement fongicide. A ce stade, un traitement ne sera fait que dans les situations à forte pression de maladies. Sinon, attendre le stade 2 nœuds (BBCH 32). Si la pression en maladies reste faible tout au long de l'élongation des tiges, attendre le stade dernière feuille (BBCH 39) pour un traitement unique. Un rappel des sensibilités variétales est fait dans l'article ci-dessous.

Fertilisation : La fertilisation des triticales se raisonne en 3 fractions, comme en froment. La première fraction, au stade tallage, doit être limitée afin de réduire les risques de verse et de développement de l'oïdium. Pour les parcelles ayant atteint le stade « redressement » (épi 1cm, BBCH 30), la deuxième fraction d'azote peut être apportée.

Régulateur : La culture de triticales est relativement sensible à la verse à cause de la hauteur de sa paille. Le traitement avec un régulateur de croissance est un levier important pour réduire le risque de verse. La réduction du risque de verse est d'autant plus importante que la culture est très sensible à la germination sur pied. A la récolte, les parcelles versées sont souvent des parcelles germées. Les traitements avec un régulateur de croissance sont réalisés aux stades BBCH 30 et 32.

colza

Ravageurs :  Arrivée des premiers charançons des siliques.

Maladies : La culture sera protégée pendant la floraison avec un fongicide pour prévenir les dégâts de sclérotinia, maladie préjudiciable en colza.  Aucune variété résistante n'existe actuellement.

Pois d'hiver

 Désherbage d'une culture pure de protéagineux d'hiver (pois et féverole) : En post-levée, nouvelles démarches obligatoires à réaliser en 2024 avant d'utiliser de la bentazone.

Maladies : Vérifiez l'état des plantes et surveillez la présence éventuelle de taches d'anthracnose.

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A la faveur des températures de ces derniers jours, les escourgeons ont maintenant atteint le stade 2ème nœud (BBCH 32) dans la majorité des parcelles du réseau d'observation du CePiCOP (13/20 parcelles). Sept d'entre elles sont au stade encore au stade 1er nœud (BBCH 31; Figure 2). Tout comme la semaine dernière, la maladie qui domine dans les parcelles est actuellement la rouille naine. Son infection est haute dans le feuillage dans la plupart des sites observés (F-1 et F-2). La rhynchosporiose est bien implantée dans les variétés sensibles et les autres maladies telles que l'helminthosporiose et l'oïdium sont également observables mais à une pression plus faible que la rouille naine. Leur évolution devra être surveillée de près. Il est possible que l'helminthosporiose prenne l'ascendant sur la rhynchosporiose si les températures douces persistent.

Réseau des parcelles escourgeon du CePiCOP (20 parcelles):

Les maladies dans le réseau :

Rouille naine
Helminthosporiose
Rhynchosporiose
Oïdium

Depuis la dernière observation du réseau, les escourgeons ont émis une nouvelle feuille, ce qui signifie que la plupart de F-1 de la dernière observation sont devenue des F-2. Plus de 50% de ces dernières, observées dans l'ensemble du réseau, sont infectées par la rouille naine. 23%, 12%, 11% et 7.5% des actuelles F-1 des variétés observées respectivement à Ath, Acosse, Lonzée et Dorinne sont infectées par cette maladie. Les F-1 de Mainvault ne sont pas encore touchées par la rouille naine mais 78% des F-2 présentent des symptômes.

La rhynchosporiose est observable sur les F-1 des trois variétés à Ath et est présente dans une moindre mesure sur les autres variétés sensibles du réseau. L'helminthosporiose et l'oïdium sont présentes en fond de végétation de manière plus anecdotique pour l'instant.

Figure 1: Stades phénologiques des céréales. En vert, les feuilles visibles ; en gris, les feuilles à venir.
Figure 2: Stade 1er nœud (BBCH 31) : le premier nœud est à au moins 1 cm du plateau de tallage et le 2ème est a moins de 2cm du 1er nœud.

La pression en rouille naine est non négligeable et tout particulièrement sur les variétés sensibles. Il est recommandé de réaliser une première application de fongicide (T1) dès que possible si le seuil d'intervention pour la rouille naine est dépassé dans vos parcelles.

Si ce n'est pas le cas, il est possible d'attendre le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) pour envisager une protection complète des escourgeons.

Seuils d'intervention indicatifs pour les maladies de l'escourgeon selon les Bulletins de Santé du Végétal (*) :

A partir du stade 1er nœud (BBCH 31), sur les 3 dernières feuilles :

  • Pour la rouille naine : Variétés sensibles (**) : plus de 10% des feuilles atteintes. Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 50% des feuilles atteintes.
  • Variétés sensibles (**) : plus de 10% des feuilles atteintes.
  • Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 50% des feuilles atteintes.
  • Pour le cortège maladies rhynchosporiose et helminthosporiose : Variétés sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes. Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 25 % des feuilles atteintes.
  • Variétés sensibles : plus de 10 % des feuilles atteintes.
  • Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 25 % des feuilles atteintes.
  • Pour l'oïdium : Variétés sensibles : plus de 20% des feuilles atteintes. Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 50% des feuilles atteintes.
  • Variétés sensibles : plus de 20% des feuilles atteintes.
  • Variétés moyennement et peu sensibles : plus de 50% des feuilles atteintes.

(*) https://draaf.hauts-de-france.agriculture.gouv.fr/2024-r673.html

(**) https://livre-blanc-cereales.be/wp-content/uploads/2023/10/2023-09-VI-Tableaux-de-synthese.pdf

 

Conseils pour le choix du traitement fongicide :

Pour rappel, et afin d'éviter l'apparition trop rapide de résistance au sein des pathogènes suite à l'application de produits de protection des plantes, il est conseillé de :

  • ne pas appliquer deux fois le même triazole par saison ;
  • n'appliquer une strobilurine qu'une seule fois par saison ;
  • n'appliquer un SDHI qu'une seule fois par saison.

Une fois ces règles bien en tête, il est maintenant possible de déterminer quel type de produits de protection pourrait être utilisé en T1. La solution se basera principalement sur un produit contenant un triazole (prothioconazole, mefentrifluconazole, tebuconazole ou metconazole). En effet, les triazoles seront capables de calmer l'infection en rouille naine et/ou en rhynchosporiose. Le prothioconazole excepté, ils ne sont cependant plus très efficaces contre l'helminthosporiose. Attention cependant, si un produit à base de prothioconazole est choisi pour le T1, il faudra revenir avec une autre solution en T2 ne contenant pas cette substance active. Il est également grandement recommandé de garder les produits à base de SDHI (bixafen, fluopyram, fluxapyroxad et benzovindiflupyr) pour le traitement placé à la dernière feuille (BBCH 39) afin de profiter de leur rémanence d'action. Enfin, l'ajout d'une strobilurine (pyraclostrobine, azoxystrobine, fluoxastrobine ou trifloxystrobine) en T1 permet de renforcer l'efficacité à la fois contre la rouille naine et l'helminthosporiose. Cependant, si cette famille de substance active est appliquée en T1, elle ne pourra plus être appliqué en T2. Cette solution n'est à utiliser que sur les variétés très sensibles à la rouille naine et/ou à l'helminthosporiose.

Des exemples de schémas de protection fongicide se trouvent dans votre Livre Blanc de février 2024, dans la rubrique « Lutte intégrée contre les maladies - protection de l'escourgeon ».

Groupe « maladies » C. Bataille

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Les stades de croissance des froments du réseau d'observation CePiCOP sont étalés entre le stade tallage et le stade 1er nœud (BBCH 31), la plupart d'entre eux se situant cependant entre le stade épi à 1cm (BBCH 30) et le stade 1er nœud (BBCH 31). La grande disparité entre les stades s'explique principalement par l'étendue des dates de semis mais aussi par les différences de climats entre régions et par la précocité des variétés emblavées.

Réseau des parcelles froment du CePiCOP (21 parcelles):

Les maladies dans le réseau :

Rouille jaune
Septoriose
Rouille brune

 La rouille jaune est observée dans toutes les variétés du réseau implantées à Ath et à Chièvres. Les mêmes variétés dans les autres localités du réseau sont pour le moment indemnes de maladies. La visite de vos parcelles est donc conseillée surtout si vous avez implanté une variété sensible.

Au vu de la météo humide, la pression en septoriose est non négligeable dans la plupart des situations et surtout pour les variétés sensibles. De nouveau, la visite de vos parcelles est conseillée afin d'évaluer la pression en maladie à la vue d'une possible intervention lorsque le stade clé (2ème nœud, BBCH 32) sera atteint. 

Des pustules de rouille brune sont déjà observables dans toutes les parcelles du réseau à Acosse et Sart-Risbart. Cette constatation, bien qu'étonnante, n'est que le reflet d'une saison précédente chargée en inoculum, d'un hiver doux pour que celui-ci puisse subsister et d'un printemps doux pour que la maladie puisse déjà s'installer.

Recommandations :

  • Rouille jaune :

Les essais réalisés antérieurement et durant plusieurs années ont prouvé que les traitements appliqués avant le stade 1er nœud (BBCH 31) étaient inutiles, même en cas de forte attaque de rouille jaune. De plus, peu de produits sont agréés avant ce stade. Il vous est donc conseillé de surveiller vos parcelles et d'envisager un traitement fongicide uniquement si vous observez, au stade 1er nœud ou après, des foyers de rouille jaune actifs. La pression observée actuellement dans les parcelles du réseau ne justifie pas de traitement fongicide pour lutter contre cette maladie exceptée dans le Hainaut, à Ath et Chièvres, ou la vigilance est de mise.  

  • Septoriose :

La pression en septoriose est relativement élevée dans la plupart des parcelles observées et nous vous recommandons fortement de visiter vos parcelles. Tout indique qu'un premier traitement fongicide sera nécessaire pour les variétés sensibles à la septoriose lorsque celles-ci auront atteint le stade clé du 2e nœud (BBCH 32).

Lorsque votre culture aura atteint le stade 2e nœud (BBCH 32) et si l'un des seuils indiqués ci-dessous est dépassé, une première application de fongicide (T1) peut être envisagée. Si ce n'est pas le cas, il est possible d'attendre le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) pour réaliser une protection complète des froments.

Seuil indicatif de risque septoriose selon les Bulletins de Santé du Végétal (*):

Au stade « 2ème nœud »:

Þ pour les variétés sensibles(**) (cote < 6.5): 20% des F-2 déployées du moment touchées,

Þ pour les variétés peu sensibles: 50% des F-2 déployées du moment touchées.

(*) https://draaf.hauts-de-france.agriculture.gouv.fr/2024-r673.html

(**)https://livre-blanc-cereales.be/wp-content/uploads/2023/10/2023-09-VI-Tableaux-de-synthese.pdf

  • Rouille brune :

Si un traitement est envisagé contre la septoriose et/ou la rouille jaune, celui permettra de juguler également l'infection en rouille brune (si celle-ci est présente).

  • Conseils pour le choix du traitement fongicide :

Pour rappel et afin d'éviter l'apparition trop rapide de résistance au sein des pathogènes suite à l'application de produits de protection des plantes, il est conseillé :

  • d'alterner les triazoles utiliser entre les applications ;
  • de n'appliquer une strobilurine qu'une seule fois par saison ;
  • de n'appliquer un QiI (fenpicoxamid) qu'une seule fois par saison ;
  • de n'appliquer un SDHI qu'une seule fois par saison.

Une fois les seuils et les règles ci-dessus bien en tête, il est maintenant possible pour vous de déterminer si votre culture a besoin ou non d'un premier traitement contre la septoriose (T1). Ce traitement devra reposer sur une solution à base de triazole (prothioconazole, mefentrifluconazole, tebuconazole ou metconazole) et ou d'un QiI (fenpicoxamid). Si par la suite, vous souhaitez protéger vos épis contre la fusariose, il est conseillé de garder les produits à base de prothioconazole pour plus tard et de se diriger vers d'autres produits, ne contenant pas cette substance active. L'ajout d'une strobilurine est possible si vous observez également une forte pression en rouille jaune et si votre culture est bien au stade 2e nœud (BBCH 32). Enfin, l'ajout d'un produit multi-sites, à base de folpet ou de soufre (liquide de préférence) est fortement recommandé. Veillez à garder les produits à base de SDHI pour une application à la dernière feuille ou à l'épiaison afin de profiter pleinement de leur forte efficacité et longue rémanence.

Dans les prochaines semaines, les avis du CePiCOP continueront à vous guider quant à l'évolution de l'infection des maladies et aux interventions potentielles à envisager. N'hésitez pas à consulter les outils FONGIBLE et SPRAYVISION mis à votre disposition sur la plateforme Agromet afin de vous guider dans les décisions à prendre sur vos parcelles de froment (https://agromet.be/fr/oad/pheno01/fongible/v1/).

Groupe « maladies » C. Bataille

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Epeautre semé le 16 octobre - Photo prise entre le 05 et le 08 avril 2024

Les cultures maintiennent leur avance de deux semaines sur une année normale. Muguets et lilas sont pratiquement en fleurs et les orges s'apprêtent à établir un nouveau record de précocité de l'épiaison. On nous annonce une série de cinq jours sans pluie ce qui laisse espérer un ressuyage des terres.

Développement des cultures

Avec les chaleurs du dernier weekend, le développement des plantes déjà redressées s'est accentué et le stade épi 1 cm (BBCH 30) est maintenant dépassé. C'est moins visible pour les semis tardifs qui consacrent encore leur énergie à produire de nouveaux talles (voir photos).

Fertilisation

Le weekend dernier, certains d'entre vous ont appliqué leur deuxième fraction. Pour les autres, cette fraction de redressement reste applicable toute la semaine. La troisième et dernière devrait être appliquée au stade dernière feuille (BBCH 37-39). Dans un schéma en deux fractions, il est encore trop tôt pour appliquer la seconde fraction.  

Désherbage

Le retour d'un temps sec va permettre l'application des derniers traitements herbicides et les passages de herses étrilles.

Raccourcisseurs

Le stade épi 1 cm (BBCH 30) est atteint dans la plupart des semis d'octobre. L'épeautre reste une céréale assez sensible à la verse et même si cette résistance demeure un des objectifs majeurs de la sélection, les variétés actuellement commercialisées peuvent difficilement se passer de raccourcisseurs lorsque la fertilisation dépasse 100 uN. Cette année, le risque de verse est moindre que la saison dernière : la montaison se déroule sous un ciel plus lumineux ; en outre, les densités des plantes et des talles sont inférieures. Ces paramètres réduisent la compétition entre les talles ce qui favorise un renforcement des tiges. Cependant les températures nocturnes très élevées qui accélèrent cette montaison sont, quant à elles, un facteur de risque. Le conseil reste donc la prudence mais un traitement devrait suffire.

Maladies et ravageurs

On observe quelques jaunissements et nécroses mais dans l'ensemble, les épeautres se portent bien. Aucun signalement de rouille jaune ne nous a été rapporté sur la culture.

Groupe « Epeautre », G. Jacquemin

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Symptômes de rhynchosporiose sur triticale

Cette année, il n'y aura pas des avertissements chaque semaine pour la culture du triticale. Voici donc les éléments importants à prendre en compte dans la conduite de cette culture. L'observations de vos parcelles reste un élément important dans la conduite cultural.

Fertilisation azotée :

Comme en froment, la fertilisation azotée du triticale se fait en 3 fractions et les apports se font en fonction des besoins de la culture. L'apport au tallage sera limité afin de réduire le risque de verse et la présence d'oïdium, deux stress auxquels cette culture est particulièrement sensible. Le report d'une partie de la dose totale au stade dernière feuille diminue les risques liés à la verse et à l'oïdium et accroit la teneur en protéines des grains.

Régulateur de croissance :

La culture de triticales est relativement sensible à la verse, notamment à cause de la hauteur de sa paille. Des différences de sensibilités variétales sont observées. Le Tableau 1 présente la sensibilité des variétés à la verse sans l'utilisation de régulateur de croissance. Le choix variétal, la réduction de la densité de semis et la modération de la fumure azotée au tallage permettent de réduire le risque de verse. Une fois ces éléments pris en compte, le régulateur de croissance pourra être utilisé afin de réduire au minimum le risque de verse. Ceci est d'autant plus important que le triticale est très sensible à la germination sur pied et que ce phénomène est accentué lorsque la culture est versée. 

La protection de la culture par usage de régulateur de croissance se fera en 1 ou 2 passages, selon la densité du peuplement et la disponibilité en azote. En situation à faible risque, un seul passage au stade épi 1cm (BBCH 30) suffit. Dans les situations à risque accru, un second passage au stade 2 nœuds (BBCH 32) doit être réalisé.

Protection contre les maladies :

Les maladies rencontrées en triticales sont communes à l'escourgeon (rhynchosporiose) et au froment (rouille jaune, oïdium, rouille brune et septoriose). Ces maladies ont été décrites dans les avertissements des semaines précédentes. Le Tableau 1 reprend les sensibilités des variétés par rapport aux différentes maladies.

Tableau 1: Sensibilités des variétés de triticale aux maladies et à la verse. Cotes exprimées sur une échelle de 1 à 9 (1= sensible ; 9 = tolérant). Moyenne des cotes pour les variétés ayant été mises en essais au minimum pendant 3 ans (CRAW).

En sortie d'hiver et en début de reprise de végétation la principale maladie rencontrée en triticale est la rhyncosporiose. Le développement de celle-ci est favorisé par les températures froides et les conditions humides. Elle sera d'autant plus présente sur des semis réalisés en octobre et dans les régions plus froides comme les Ardennes. Lorsque les températures deviennent plus douces avec l'avancement de la saison, il faut être vigilant à la présence de la rouille jaune. Cette maladie est en effet très préjudiciable en triticales pour les variétés qui y sont sensible. L'oidium est favorisé par les températures douces et un climat humide. Un peuplement dense et un excès d'azote favorise d'autant plus sa présence. Cette maladie peut entrainer de sérieuses pertes de rendement sur les variétés les plus sensibles. La rouille brune peut également s'observer et entrainer des pertes de rendement sur les variétés les plus sensibles. Les parcelles protégées par au moins un traitement fongicide en sont cependant souvent indemne de cette dernière. Enfin, la septoriose peut également être observée en triticale mais sa nuisibilité est bien plus faible qu'en froment.

Comme pour toutes les céréales, le schéma de protection en triticales dépendra de la sensibilité variétale et de la pression en maladies. Sur variété tolérante et/ou en cas de faible pression en maladies, un traitement fongicide unique au stade dernière feuille étalée (BBCH 39) sera envisagé. Si la présence de maladies est observée plus tôt, il faudra opter pour un schéma de traitement en deux passages, aux stades 2 nœuds (BBCH 32) et mi-épiaison (BBCH 55). Enfin, pour les parcelles très fortement touchées par la rhynchosporiose et/ou la rouille jaune au début du printemps, un traitement au stade BBCH 31 sera réalisé. Les seuils de traitement applicables en triticale sont les même qu'en escourgeon ou en froment, selon les maladies.  Le premier traitement sera à base de triazole et devra être suivi d'un traitement relai 3 à 4 semaines maximum après le premier traitement (sauf si emploi de doses réduites). Dans le cas d'un traitement au stade 1er nœud (BBCH 31), le traitement relai sera donc réalisé lorsque la dernière feuille est étalée (BBCH 39).

Figure 1: Symptômes de rhynchosporiose sur triticale.

 Sources :

  • Livre Blanc Céréales - septembre 2023, Variétés en triticale et seigle : https://livre-blanc-cereales.be/wp-content/uploads/2023/10/2023-09-II.6-Choix-varietal-Triticale-et-seigle.pdf
  • Arvalis, Maladies du triticale : https://www.arvalis.fr/infos-techniques/triticale-adapter-la-protection-la-sensibilite-varietale
  • Arvalis, Triticale - Une conduite à adapter à la variété : https://www.arvalis.fr/infos-techniques/une-conduite-adapter-la-variete

Groupe « Triticale », D. Eylenbosch et R. Meza

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Plate-forme variétale de colza d'hiver, à Dorinne (source cepicop)

La culture de colza d'hiver est en cours de floraison et colore les paysages.  Toutes les variétés, même les plus tardives, sont actuellement en fleurs.  La remontée rapide et exceptionnelle des températures ces derniers jours, accélère le développement du colza d'hiver.  Les jeunes siliques se forment, ce qui signifie que les pétales tombent et que le risque sclérotinia existe pendant toute la durée de la floraison.  Etant donné qu'aucune variété de colza d'hiver actuellement cultivée, n'est résistante à cette maladie, il faut protéger la culture avec un fongicide qui aura une action préventive et non curative.  La liste des fongicides autorisés en Belgique en 2024 se trouve sur le site du CePiCOP.  En colza bio, seul le produit SERENADE ASO à base de Bacillus amyloliquefaciens est autorisé.

Variété précoce à la floraison et variété tardive à la floraison (source cepicop, 6 avril 2024).
Pétales de colza, tombés après fécondation de la fleur (source cepicop, 8/04/2024).

Côté insectes, le bassin jaune est devenu moins attractif pour les méligèthes et les charançons, même si on y trouve encore de nombreux autres insectes. 

Dans les plantes de colza en fleurs, on observe des méligèthes, sans danger pour le colza à ce stade mais à surveiller sur les plantes plus tardives qui ne seraient pas encore entrées en floraison. 

Lors des observations de ce lundi 8 avril avec des températures douces, il y avait dans 8 champs, moins de 2 méligèthes par plante, en moyenne sur 40 plantes.  Dans 6 champs, il s'agissait de 2 à 4 méligèthes par plante et dans 5 champs, on trouvait entre 5 et 7 méligèthes en moyenne par plante.

Les premiers charançons des siliques sont observés dans 6 champs de colza d'hiver suivis dans le cadre du réseau d'observations, avec 2 à 15 charançons pour 40 plantes de colza.  Le seuil d'intervention d'1 charançon sur 2 plantes n'est pas atteint.  Il faut cependant continuer à surveiller cet insecte pendant la floraison du colza car les jeunes siliques sont présentes et la météo annonce encore de belles périodes ensoleillées et chaudes après un net rafraîchissement des températures.

Les abeilles et autres pollinisateurs sont actifs pendant la floraison du colza d'hiver.  Les pulvérisations se feront toujours en respectant ces insectes très utiles, en tenant compte de la météo et en dehors des heures de butinage.

Groupe « Colza », C. Cartrysse

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Parcelle de pois protéagineux présentant des symptômes d'anthracnose. source : CePiCOP

Le pois protéagineux d'hiver semé en pur ou en mélange avec du froment d'hiver, a connu des conditions de sol extrêmement humides depuis l'implantation à l'automne dernier jusqu'à présent.  L'hiver doux et très humide peut avoir affecté les plantes de pois protéagineux d'hiver appréciant peu les conditions asphyxiques du sol.  Il est recommandé de vérifier l'état des plantes.  Si le système racinaire présente des nodosités de couleur rose et que la tige est claire, cela signifie que la plante va bien poursuivre son développement.  En revanche, s'il n'y a pas de nodosités ou très peu sur les racines et que la tige est brunâtre et en partie couchée sur le sol, il convient de surveiller l'évolution des plantes dans les prochains jours. 

La présence de taches brunes, avec des petits points noirs, sur les feuilles du bas indique la présence d'anthracnose, maladie à combattre pour éviter un développement très rapide sur la plante complète.  En France, la même situation s'y présente avec une recommandation d'un traitement fongicide appliqué bien avant la floraison, à base d'une combinaison de 0,6 l/ha d'un produit à base de metconazole à 90 g/l et de 0,4 l/ha d'un produit à base d'azoxystrobine à 250 g/l.

L' anthracnose provoque l’apparition sur le feuillage de petites nécroses brunes avec des pycnides. Ces nécroses peuvent également apparaître sur la tige. (source : CePiCOP)

En ce qui concerne le désherbage au printemps du pois protéagineux d'hiver et de la féverole d'hiver, les possibilités d'utilisation de la bentazone sont fortement restreintes en 2024.  Plusieurs conditions sont exigées pour l'achat et l'utilisation de cette matière active.  Les parcelles sur lesquelles l'usage est autorisé (de couleur bleue sur la carte belge) et avec une teneur en carbone organique supérieure à 1 %, doivent être préalablement enregistrées sur le site www.basf.agro.be et un mail doit être envoyé à la RW, à l'adresse suivante pesticides@spw.agriculture.be. Pour l'achat de produit, une preuve de cet enregistrement doit être fournie.  Le produit BASAGRAN est autorisé en pois protéagineux ; le produit CORUM est autorisé en pois protéagineux et en féverole.  La bentazone n'est pas autorisée en culture associée de froment d'hiver et pois protéagineux d'hiver.

Pour toute question sur votre culture de pois protéagineux, vous pouvez contacter Christine Cartrysse (0497/53.84.47 ou cc@cepicop.be) et si vous souhaitez qu'un passage en ferme soit réalisé alors, on vous invite à revenir vers Noémie Vannoppen (0490/16.49.97 ou nv@cepicop.be ).

Groupe « Protéagineux», C. Cartrysse


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