Céréales

parfaitement déployées.
La sécheresse annoncée se poursuit et s'accentue
Hormis pour quelques localités frontalières, les cinq-six litres tombés le 3 mai pourraient bien être les seules gouttes d'eau que nous aurons pour le mois de mai. Au cours des 30 dernières années, nous avons connu deux mois de mai avec moins de 10 litres : c'était en 2001 (9 litres) et il n'y a pas si longtemps en 2020 (10 litres). Rappelez-vous : c'était pendant le confinement. A ce moment, la question de réservoirs d'eau (bassine en France) a été âprement discutée. Avec les années humides, c'est la question des fossés qui est revenue au premier plan. On le voit, avec des pluviosités de plus en plus contrastées, il est plus que temps d'adapter ou de recréer des infrastructures hydrauliques pour réguler les apports d'eau. L'agriculture a tout à y gagner mais l'écologie aussi et les deux domaines ne doivent pas être opposés.
On peut désormais parler d'une véritable année sèche et cela avec ses avantages et ses inconvénients. Côté plus, la douceur des températures et la luminosité sont en train de nous assurer une excellente fertilité des épis. Ce n'était pas le cas ces dernières années, avec des Saints de glace rigoureux et des ciels sombres sans lumière. Tiens c'est aujourd'hui Saint Servais ! : le dernier des 3 Saints mais il semble qu'il soit parti en vacances avec ses deux acolytes. Tant mieux, un problème de moins. Côté moins, les céréales sont encore belles partout mais il faut s'attendre, vu l'absence de pluie annoncée pour les prochaines semaines, à voir les effets de la sécheresse s'affirmer dans les terres peu profondes et plus drainantes. Typiquement c'est en Famenne, en Ardenne et dans les sables que les effets se feront particulièrement sentir. Ce n'est pas nouveau mais parfois, on cède à l'impression que l'on peut désormais cultiver de tout, partout. C'est une erreur et des saisons comme celle-ci nous le rappellent. Au Moyen-âge, les bonnes terres étaient réservées à l'épeautre et au froment ; sur les terres plus difficiles, on cultivait du seigle et de l'avoine. Si la mécanisation et les progrès en fertilisation nous permettent plus de flexibilité, il ne faut pas oublier les leçons du passé…
Stade de développement
Les dernières feuilles se déploient partout et pour les variétés les plus précoces, les épis poussent déjà sur les gaines qui gonflent sous la pression (BBCH 41-43). Le stade éclatement (BBCH 47) aura lieu dans les prochains jours et l'épiaison (BBCH 51) dans une semaine pour la majorité des épeautres.
Fertilisation
La plupart des fertilisations en épeautre sont désormais appliquées. Cependant, pour des semis tardifs ainsi que pour des variétés telles que Sérénité et Convoitise, destinées à la panification, il est souvent pertinent d'apporter une troisième fraction plus conséquente ou plus tardive pour assurer la qualité de la récolte. Cette année, la météo actuelle ne nous aide pas. Depuis quelques années, des engrais foliaires se développent. Les données indépendantes sur l'efficacité sont désormais plus nombreuses. Pour Arvalis, comme pour la plupart des observateurs : si la pluviosité est suffisante, la fertilisation foliaire ne présente pas d'avantages par rapport à une fertilisation classique et le coût à l'unité d'azote étant plus élevée, l'intérêt des produits à pénétration foliaire n'est pas démontré. En revanche, cette année, en l'absence totale de pluie, ce type de fertilisation peut s'avérer utile. Nous le voyons plutôt comme un apport relais car il ne sert à rien de dépasser 20 à 30 unités. Au-delà de ces doses, la plante n'assimilera pas l'azote par voie foliaire et il tombera sur le sol. Il agira alors comme un engrais classique mais avec un coût plus élevé. Pour des fertilisations de l'ordre de 50 unités, il vaut mieux, selon nous, appliquer 20 unités en foliaire dans les prochains jours en profitant éventuellement du passage prévu pour le fongicide et apporter le reste de la fertilisation en solide. Elle mettra du temps à se dissoudre (certaines formulations se dissolvent plus vite que d'autres, renseignez-vous auprès de vos fournisseurs) mais prendra le relais de l'azote apporté en foliaire.
Régulateur de croissance
Quelques régulateurs comme le Prodax et l'éthéphon sont encore agréés au-delà du stade BBCH 39 mais, au vu de la saison, ce traitement n'est pas recommandé. Dans la grande majorité des cas, un seul traitement raccourcisseur était conseillé cette saison.
Maladies et tâches physiologiques
Lorsque toutes les dernières feuilles sont totalement déployées, le traitement unique peut être appliqué. Comme discuté dans les avis précédents, la septoriose n'est pas à craindre cette année et seules les rouilles pourraient se révéler dommageables au rendement des épeautres. Un traitement constitué d'une triazole et d'une strobilurine suffit. Face aux rouilles, les « anciennes » molécules telles que le prothioconazole et l'azoxystrobine sont tout aussi efficaces que les nouvelles et elles sont moins chères… Dans les nombreuses situations où la variété demeure saine, le traitement peut encore être retardé.
Le coin « Culture »
Cet avis épeautre constitue le dernier de cette saison. Pour moi et mon équipe, la saison s'accélère. Depuis une semaine nous avons débuté les croisements en blé dur, hier en froment et j'ai vu ce matin que les premiers épis de notre épeautre le plus précoce choisi comme parent-femelle atteindra le stade optimal ce soir. Je vais donc me consacrer à 100% à tenter de créer de nouvelles variétés d'épeautre mais également de blé dur et de froment.
Si vous souhaitez en savoir plus sur nos activités de sélection, deux solutions :
1°) consultez notre site internet, très fraichement (hier) mis à jour à l'adresse suivante :
https://www.cra.wallonie.be/fr/avegreales
2°) venez visiter notre plate-forme de sélection et poser toutes vos questions autour de véritables « coins cultures ». Trois dates au moins sont prévues selon des thématiques diverses.
Je vous souhaite une belle semaine et déjà tous mes vœux pour une bonne récolte.
Guillaume Jacquemin.