Au sein du réseau d’observation, les parcelles d’épeautre sont encore assez claires. On note une densité plus faible qu’à l’accoutumée. Cette levée imparfaite, résulte souvent du pouvoir germinatif des semences, affecté cette année par une pré-germination sur pied avant la récolte. En conditions bio, des problèmes de fonte de semis causés par la fusariose (Microdochium nivale) sont rapportés.
Les plantes n’ont pas encore atteint le nombre optimal de talles. En fonction des dates de semis, elles ont entre 2 et 6 talles. De nombreuses terres ont été roulées pour favoriser ce tallage et préserver l’humidité. Sur base des prévisions météo et des situations vécues ces dernières années, on peut, en effet, craindre une période de sécheresse et chaque opération préservant l’eau est bonne à réaliser. Des rouleaux plats peuvent être utilisés mais les rouleaux type Cambridge sont plus efficaces car ils permettent dans le même temps d’aérer le sol, d’y faire rentrer de la chaleur et de provoquer ainsi une première minéralisation. De plus, sur des terres battues par les pluies hivernales, les rouleaux plats sont à éviter alors que les « Cambridge » permettent, eux, de fragmenter la croute. L’inconvénient de ces derniers par rapport au rouleaux plats est qu’ils imposent une vitesse plus lente afin de ne pas abimer les plantes. A noter que le passage du rouleau est totalement déconseillé sur les plantes encore « engourdies » par les gelées matinales.
Cette année, les conditions météorologiques et la portance des sols se prêtent bien au désherbage mécanique. Celui-ci peut se réaliser à l’aide d’une herse étrille ou d’une houe rotative. Les désherbages chimiques sont dans l’ensemble déjà réalisés et l’application des premières fractions d’azote est en cours. Si ce n’est le cas, quelques légères pluies sont annoncées mardi et jeudi. Dans la mesure du possible, appliquer l’azote avant ou durant ces bruines est recommandé.
Concernant les maladies, la douceur et l’humidité de l’hiver ont été favorables aux champignons pathogènes : la septoriose et l’oïdium sont présents sur les vieilles feuilles. Depuis quelques jours, la rouille jaune a fait son apparition. Il semble s’agir d’une race affectant à la fois les triticales et les épeautres, mais pas les froments : peut-être s’agit-il de la souche Triticale-Agressive déjà présente ces dernières années dans nos campagnes. Le spectre des variétés touchées est large, incluant des variétés réputées résistantes comme Zollernspelz, Vif ou Zollernfit. Ce n’est ni fréquent ni inquiétant, car les tolérances de ces variétés se manifesteront vraisemblablement à partir du stade redressement, épi à 1 cm (BBCH30). De plus, les conditions lumineuses annoncées pour les 10 prochains jours ne sont pas favorables à la survie des spores de ce champignon. A ce stade, aucun traitement n’est donc recommandé.
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