CePiCOP - 26.04.2022 - 5. Observations en épeautre

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Lundi dernier, à l’heure d’écrire l’avertissement, je comptais vous faire part d’un dicton moderne que m’a enseigné Jean-Luc Herman : « Si l’enfer du Nord se court dans la poussière, aucune pluie ne viendra enrichir les terres.  Si de la boue recouvre les pavés de Roubaix, le soleil ne se montrera pas avant mai ».  Au vu des prévisions et des 3 jours de pluies alors annoncés, je m’en suis abstenu.  Je le regrette car, une fois de plus, le dicton s’est révélé plus pertinent que les modèles météorologiques : la pluie annoncée n’est pas tombée et la sécheresse s’installe.  Cette réflexion peut paraître peu scientifique mais derrière la sagesse populaire se cachent parfois des vérités connues ou non encore établies.  Dans le cas présent, c’est la stabilité et la force des anticyclones printaniers et particulièrement de ceux des mois d’avril qui expliquent la pertinence de ce dicton. 

Le système racinaire des épeautres est profond et lui permet pour l’instant de ne pas ressentir les effets de la sécheresse.  Les cultures sont actuellement au stade premier nœud (BBCH 31) pour la majorité des emblavements.  A ce stade, aucun apport d’engrais n’est requis et les désherbages sont généralement réalisés.

Lorsque l’application d’un second régulateur se justifie, ce qui, en épeautre, est souvent le cas, celui-ci doit être appliqué 10 à 15 jours après le premier traitement cycocel (chlorure de chlorméquat).  Pour les champs les plus précoces, ce délai sera atteint cette semaine.  Dans la pratique, ce traitement consiste généralement en 0,5L/ha de cycocel complété d’une demi-dose de Moddus, de Medax ou de tout autre formulation contenant du trinexapac-éthyl ou de la prohexadione.  En Ardenne, ou dans d’autres régions à sols légers, la règle est bien souvent de se contenter d’un seul régulateur.  C’est également le cas lorsque les fumures ne dépassent pas 120 unités d’azote et que les variétés utilisées ne sont pas des plus sensibles.    

La pression de rouille jaune reste élevée dans de nombreux champs d’épeautre.  Le stade premier nœud étant atteint, un fongicide peut être appliqué seul ou en association avec le régulateur.  Si on décide d’intervenir dès à présent, il faut savoir que la protection complète de l’épeautre nécessitera trois passages.  Dans ce cas, une demi-dose de triazole peut être appliquée cette semaine et l’on reviendra avec une autre demi-dose dans 15 jours.  Les produits contenant du metconazole et du tebuconazole sont les plus fréquents avec ceux contenant du prothioconazole.  Nous conseillons cependant de réserver ce dernier pour le traitement le plus tardif car il est le plus efficace sur les fusarioses.  Cette saison est la dernière où le cyproconazole peut être utilisé.  Cette triazole, efficace sur les rouilles, présente un effet raccourcisseur.  Cette caractéristique doit être prise en compte en fonction des régulateurs déjà appliqués et de la longueur de paille désirée.

La pression actuelle de rouille jaune est particulièrement élevée sur épeautre. Photo G. Jacquemin

 Avec les conditions sèches actuelles, les traitements fongicides et régulateurs les plus efficaces sont ceux appliqués le matin car l’hygrométrie y est la plus élevée.  Il faut cependant se garder de traiter trop tôt, lorsque les perles de rosée sont lourdes et risquent de tomber au sol avec la pulvérisation.


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