CePiCOP - 17.05.2022 - 2. Pression des maladies en froment

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La majorité des froments (23/32 parcelles) du réseau d’observation CePiCOP se situe entre les stades dernière feuille étalée (BBCH 39) et gaine gonflée à éclatée (BBCH 43-47).  Trois autres parcelles ont déjà débuté leur épiaison (BBCH 51) et six autres parcelles sont encore au stade dernière feuille pointante (BBCH 37). 

La rouille jaune continue sa progression et ne semble pas s’essouffler sur les variétés sensibles ayant une cote de tolérance à la rouille jaune inférieure à 7.0 dans le Livre Blanc de septembre 2021.  Elle est également observée, à très faible pression, dans des variétés actuellement répertoriées comme moins sensibles.  La visite de TOUTES vos parcelles, quelle que soit la variété implantée, reste donc fortement conseillée.

Six parcelles observées via le réseau CePiCOP présentent des infections significatives en septoriose sur leur F3 définitive (Figure 1).  Dans huit parcelles, la septoriose est montée jusqu’à la F2 et dans l’une d’entre elles, la maladie est même observée sur la F1.  La sévérité de ces infections reste faible mais la septoriose est globalement en progression malgré la sécheresse actuelle.  Les fortes rosées observées cette dernière semaine suffisent au pathogène pour continuer sa progression. 

La rouille brune n’est actuellement observée que dans une seule parcelle du réseau d’observation.  Cependant, plusieurs cas d’apparition de cette maladie nous ont déjà été reportés.  Les outils d’aide à la décision nous signalent également un risque élevé d’infection de cette maladie dans la région liégeoise et dans le Hainaut.

Pour toutes ces raisons il est fortement conseillé de protéger vos parcelles avec un traitement adapté lorsque vos froments auront atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) si aucun traitement n’a encore été fait. 

Si vous avez traité au stade 2ème nœud (BBCH 32), un traitement relais est conseillé 3 à maximum 4 semaines après la première application.  La culture devrait alors atteindre le stade mi à fin épiaison (BBCH 55-59).

Figure 1 : Stades phénologiques des céréales. En vert, les feuilles visibles ; en gris, les feuilles à venir.

Réseau des parcelles froment du CePiCOP (32 parcelles):

Site

Date de semis

Variété(s) observée(s)

Lonzée

18/10/2021

Gleam, KWS Smart

Lonzée

18/11/2021

Gleam, KWS Smart

Lonzée

28/10/2021

Chevignon, KWS Dorset, Porthus

Acosse                   

17/10/2021

Gleam, KWS Smart

Marbaix

19/10/2021

KWS Extase, Garfield

Mortroux

25/10/2021

Gleam, LG Skyscraper, Bennington, Campesino

Chièvres

24/10/2021

Gleam, KWS Smart, Chevignon, LG Skyscraper

Ath

25/10/2021

Gleam, KWS Smart, Chevignon, LG Skyscraper

Ciney

27/10/2021

Chevignon

Mettet

29/10/2021

Gleam, KWS Smart

Pailhe

18/11/2021

Gleam, LG Skyscraper, Campesino,

Hodeige

10/11/2021

Gleam, LG Skyscraper, Campesino

 

Symptômes :

Observations :

 

La rouille jaune est observable dans 21 des 32 parcelles du réseau CePiCOP.  Elle est présente sur les variétés sensibles : Bennington à Mortroux, Campesino à Mortroux, Hodeige et Pailhe, KWS Smart à Lonzée (2 dates de semis), Acosse, Ath et Chièvres.  Elle est également observée sur les variétés moins sensibles (cote >7) suivantes : LG Skyscraper à Hodeige et Ath, Gleam à Lonzée (2 dates de semis), Acosse, Hodeige, Ath et Chièvres, Garfield à Marbais, Chevignon à Ath, KWS Dorset à Lonzée, Porthus à Lonzée.

 

Maximums observés : 35% des F1 du KWS Dorset à Lonzée, 15% des F1 du Campesino à Hodeige.

 

La septoriose est observable dans toutes les parcelles du réseau d’observation.  Elle est montée jusqu’aux F3 définitives (Figure 1) dans 6 parcelles, sur la F2 dans 7 parcelles et elle est observée sur 20% des F1 du Campesino à Hodeige.  Globalement, la sévérité observée est faible. 

 

Maximums observés : 20% des F1 définitives Campesino à Hodeige, 20% des F2 définitives du KWS Dorset à Lonzée, 10% des F2 définitives du Campesino à Pailhe et du Gleam à Hodeige.

 

La rouille brune est actuellement observée dans 1 seule parcelle du réseau d’observation.  Quelques pustules ont été observées sur 5% des F4 du Gleam à Hodeige. 

Recommandations :

Rouille jaune :

Les parcelles ayant été traitées au stade 1er nœud (BBCH 31) contre cette maladie ont probablement reçu un traitement relais 2 semaines plus tard soit aux environs du stade 2ème nœud (BBCH 32) du froment.  Cette dernière application a eu pour but de protéger la F2 définitive de votre culture (qui pointait très certainement lors de votre traitement).  Cependant, malgré ce traitement, les plantes de froment vont encore produire une nouvelle feuille dans les 2 semaines qui viennent et cette dernière n’aura reçu aucune protection.  C’est pourquoi, un traitement relais lorsque la culture aura atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) sera nécessaire pour protéger cette dernière contre la rouille jaune.  En effet, cette maladie est capable d’effectuer un cycle en 2 semaines et la pression de cette année est non négligeable sur les variétés très sensibles.

Si vous avez effectué un traitement complet au stade 2ème nœud (BBCH 32), vous pourrez très certainement compter sur 3 semaines de rémanence, cependant votre dernière feuille sera sans protection pendant au minimum une semaine ce qui est suffisant, dans les conditions actuelles, pour que la rouille jaune s’y repique.  Un petit complément, à base de triazole (comme celui utilisé au stade BBCH 31 = T0), pourrait être envisagé et largement suffire pour tenir jusqu’à l’épiaison complète du froment.  La visite de vos parcelles est donc très importante, ce traitement relais au stade dernière feuille (BBCH 39) pouvant être envisagé dès l’apparition des premiers symptômes sur la dernière feuille. 

N’oubliez pas non plus de privilégier l’alternance des substances actives choisies entre les différents traitements afin de ralentir l’apparition de résistance chez les pathogènes présents au moment des traitements.

Septoriose :

La septoriose est actuellement en progression malgré la sécheresse.  Les rosées abondantes et les températures clémentes l’ont aidée à continuer son développement.  Elle est surtout signalée dans les variétés très sensibles ayant des cotes inférieures à 6.0 dans le Livre Blanc de septembre 2021. 

Pour les parcelles qui n’ont pas encore reçu de traitement fongicide, il est fortement conseillé d’appliquer une protection complète contre cette maladie lorsque le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) sera atteint.  Pour les parcelles ayant été traitées au stade 2ème nœud (BBCH 32) et qui ne présentent pas de symptômes de rouille jaune, il est conseillé d’attendre 3 (à maximum 4) semaines avant de revenir avec un traitement relais. 

Pour rappel et afin d’éviter l’apparition trop rapide de résistance au sein des pathogènes suite à l’application de produits de protection des plantes, il est conseillé de :

  • n’appliquer un SDHI qu’une seule fois / saison ;
  • alterner les substances actives utilisées d’un traitement à l’autre ;
  • privilégier le mélange de substances actives différentes et efficaces contre le pathogène ciblé lors d’une même application.

Une fois les règles ci-dessus bien en tête, il est maintenant possible pour vous de déterminer la composition du traitement contre la septoriose.  Ce traitement devra reposer sur une solution à base de SDHI (bixafen, fluopyram, fluxapyroxad, benzovindiflupyr ou isopyrazam), de triazole (prothioconazole, mefentrifluconazole, tebuconazole, metconazole ou cyproconazole[1]) et/ou de fenpicoxamid.  L’ajout d’une strobilurine n’est utile que si vous avez une variété sensible à la rouille brune.  Au vu des risques annoncés et de la chaleur prévue pour les prochains jours, il est fortement conseillé de prendre cette maladie en compte également (surtout dans le Hainaut et la région liégeoise).  A noter que les produits à base de benzovindiflupyr (SDHI) n’ont pas besoin d’être renforcés avec une strobilurine pour lutter contre la rouille brune car cette substance active est déjà suffisamment efficace contre cette maladie.  Elle est cependant un peu plus faible sur septoriose que d’autres références du marché.  Le choix dépendra donc fortement de la sensibilité de votre variété.  Enfin, l’ajout d’un produit multi-sites, à base de folpet ou de soufre (liquide de préférence) est toujours recommandé si aucun autre traitement fongicide n’a été effectué auparavant. 

Rouille brune :

Bien que la rouille brune (Figure 2) n’ait pas été observée que dans 1 parcelle du réseau CePiCOP, elle nous a déjà été signalée à plusieurs endroits en Wallonie.  Les chaleurs annoncées dans les prochains jours constituent les conditions idéales pour son développement, qui risque d’être conséquent.  Notre outil d’aide à la décision prévoit un développement significatif de cette maladie dans le Hainaut et la région Liégeoise.  Pour les parcelles qui n’ont pas encore été protégées, il est donc conseillé d’envisager un traitement lorsque la culture aura atteint le stade dernière feuille étalée (BBCH 39) pour lutter à la fois contre la septoriose et la rouille brune (pour les variétés sensibles).  Veuillez-vous référer au texte du paragraphe septoriose pour décider du traitement à envisager.

Figure 2: Symptômes de rouille jaune et de rouille brune. La rouille jaune se présente sous forme de strie avec des petites pustules jaunes. La rouille brune se répartit aléatoirement sur le limbe foliaire avec des pustules brunes plus grandes que celles de la rouille jaune. Photo de C. Bataille.

Fusariose sur épis :

Il est encore trop tôt pour savoir s’il y a un risque ou non de développement de la fusariose sur épis (Figure 3) car cette maladie n’infecte les épis que lors de leur floraison et à la faveur d’une humidité relative très élevée durant cette étape de développement du blé.  Cependant, pour ceux qui envisagent déjà le traitement relais, 3 à 4 semaines après leur T1 au stade 2ème nœud (BBCH 32), et qui vont très certainement toucher l’épis lors de leur pulvérisation, sachez que :

  • le prothioconazole est efficace dès le stade fin épiaison (BBCH 59) sur la fusariose de l’épis ;
  • le metconazole et le tebuconazole ne sont efficaces que lors de la floraison des épis, au plus proche du moment d’infection du pathogène (leur efficacité est cependant inférieur à celle du prothioconazole);
  • l’efficacité maximale de ce type de traitement avoisine les 50-60%.  Malgré la protection de vos épis, des symptômes de fusariose risquent tout de même d’être observés en cas de forte pression. 

La protection de l’épi permet cependant de rester en dessous des niveaux de DON (mycotoxines) autorisés. 

Figure 3: Symptômes de fusariose sur épis (Fusarium spp.). Photo de P. Hellin.
 

[1] Dernière année d’utilisation du cyproconazole (expiration le 31/11/2022).

 


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